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Même s’il tente de minimiser les résultats des derniers sondages, les chiffres sont alarmants pour Donald Trump. Son image de négociateur hors pair semble se fragmenter, entraînant dans sa chute sa cote de popularité.
Marie Rigot

Près de 100 jours après son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump peut se vanter d’avoir bouleversé le pays en un temps record. Entre ses surtaxes douanières, ses mesures anti-immigration et ses coupes dans l’administration, le président américain a repris le contrôle à sa façon. Ni gants, ni pincettes. Le milliardaire fonce. Mais sa stratégie ne semble pas plaire à tout le monde.
Les sondages montrent que sa cote de popularité chute ces dernières semaines. D’après l’enquête d’opinion Reuters/Ipsos réalisée du 16 au 21 avril, le locataire de la Maison-Blanche a atteint le taux d’approbation le plus bas de son second mandat. Seuls 42% des 4.306 sondés se sont dit favorables à la politique menée par leur président. Au moment de son investiture, ce taux était à 47%. 53% des personnes interrogées dans le sondage Ipsos désapprouvent la présidence de Donald Trump.
Un autre sondage réalisé par l’American Research Group du 16 au 19 avril rapporte des résultats presque similaires, à savoir un taux d’approbation de 43% et de désapprobation de 53%.
Si l’on compare à des enquêtes d’opinion plus anciennes, il est clair que le président américain perd des plumes, ces derniers jours. L’enquête d’opinion de Morning Consult datant du 19 avril affiche ainsi un taux d’approbation plus élevé, 46%, même si toujours inférieur au taux de désapprobation qui est de 51%. Le sondage de YouGov/The Economist réalisé entre le 12 et 14 avril donne lui un taux d’approbation de 45% et un taux de désapprobation de 53%. Le même institut de sondage dévoilait dans une enquête menée du 7 au 10 avril un taux d’approbation plus important, à savoir 47%, contre 53% de désapprobation.
Face aux mauvais chiffres de ces derniers jours, Donald Trump a tenté de calmer le jeu. Sur son réseau social Truth Social, il a été jusqu’à se vanter d’avoir obtenu dans un sondage les meilleurs résultats de son mandat. Sans préciser à quelle enquête il faisait référence… Nous ne l’avons en tous les cas pas trouvée.
Son ancien point fort devenu talon d’Achille
Et, quoi qu’il en dise, la situation n’est pas idéale. Elle commence même à être inquiétante. D’autant que le locataire de la Maison-Blanche perd des points sur l’une de ses thématiques privilégiées sur laquelle il a beaucoup misé au cours de la campagne, à savoir l’économie. Comme le démontre un sondage de CNBC, la confiance des Américains en sa gestion de l’économie a chuté à un niveau historiquement bas. 43% des interrogés l’approuvent, 55% la désapprouvent. Comme le rapporte l’institut, c’est la première fois que le nombre d’opinions négatives dépasse le nombre d’opinions positives dans l’une de ses enquêtes portant sur la gestion économique du président américain. D’autres sondages vont dans le même sens. YouGov a rapporté à son tour que 44% des Américains interrogés approuvent la politique économique de Trump contre 56% qui la désapprouvent.
Des résultats inédits pour Donald Trump qui s’expliquent en grande partie par la saga des droits de douane. Avec ses hausses, le président a créé le chaos sur les marchés boursiers. Et sa marche arrière inattendue a certes permis de remettre de l’ordre mais n’a pas moins atténué les critiques à l’égard de ses choix. Certains le taxant même d’amateurisme. « Trump a longtemps bâti sa réputation sur son talent de négociateur et d’homme d’affaires avisé. Ces derniers jours ont porté un sérieux coup à cette image« , a commenté Thomas Gift, directeur du Centre sur la politique américaine au University College London, à Newsweek.
Mais d’autres décisions de Donald Trump sont loin de faire l’unanimité. Ainsi, sa guerre contre les universités américaines laisse perplexes de nombreux Américains. 57% des personnes interrogées par Reuters/Ipsos du 16 au 21 avril pensent qu’il n’est pas acceptable qu’un président américain refuse de financer les universités s’il n’est pas d’accord avec la façon dont elles sont gérées. L’opinion publique est encore plus défavorable à la façon dont le locataire de la Maison-Blanche outrepasse les décisions des tribunaux fédéraux en poursuivant ses expulsions de Vénézuéliens vers le Salvador, puisque 83% estiment que Trump devrait se plier aux décisions de justice.
« Des poches de mécontentement se développent »
Interviewé par La Libre, le professeur d’histoire contemporaine Serge Jaumain (ULB) confirmait ce désamour grandissant des Américains à l’égard de leur président. « Il a commencé à perdre des soutiens républicains, parmi lesquels des investisseurs et des entrepreneurs« , expliquait-il. « Des poches de mécontentement sont occupées à se développer, notamment chez les personnes touchées par les coupes dans les budgets de l’administration, mais aussi chez les agriculteurs, les militaires et les vétérans de guerre. Ce mécontentement se manifeste lors des rencontres entre les élus républicains et leurs électeurs, qui sont de plus en plus chahutés.«