
Photo : Associated Press / M.D. Mughal
Agence France-Presse
L’Inde et le Pakistan se sont mutuellement bombardés dans la nuit de mardi à mercredi, faisant huit morts du côté pakistanais et trois du côté indien. Ces affrontements marquent un nouveau palier dans l’escalade entre les deux puissances nucléaires.
Selon le porte-parole de l’armée pakistanaise, le lieutenant-général Ahmed Chaudhry, huit civils dont une fillette de trois ans
ont été tués dans 24 frappes
indiennes à l’aide de missiles sur six endroits
au Pakistan.
Il a par ailleurs fait état tôt mercredi de 35 blessés et deux disparus.
L’Inde a de son côté dit avoir frappé des infrastructures terroristes au Pakistan […] d’où les attaques terroristes contre l’Inde ont été organisées et dirigées
.

Dans la nuit, des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) ont entendu d’énormes explosions aux abords de Srinagar, la grande ville du Cachemire administré par l’Inde, non loin du quartier général de l’armée indienne pour la zone.
L’armée indienne a affirmé que des tirs d’artillerie pakistanais avaient visé son territoire dans les secteurs de Bhimber Gali et Poonch-Rajauri, au Cachemire. Trois civils innocents ont perdu la vie lors de tirs/bombardements aveugles
pakistanais, a-t-elle indiqué, ajoutant qu’elle y avait répondu de façon proportionnée
.
Un mouvement jihadiste dans la mire de l’Inde
Cette nouvelle escalade entre les deux voisins, rivaux depuis leur partition dans la douleur en 1947, a été déclenchée par une attaque qui a provoqué un choc en Inde.
Le 22 avril, des hommes armés ont abattu 26 personnes dans la partie du Cachemire administrée par l’Inde. Aussitôt après cet attentat, jamais revendiqué, New Delhi a accusé Islamabad. Le Pakistan, lui, dément.
La police indienne assure rechercher au moins deux ressortissants pakistanais parmi les assaillants et leurs complices et assure qu’ils sont liés au LeT, le mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba basé au Pakistan, déjà soupçonné des attaques qui avaient fait 166 morts à Bombay en 2008.
L’un des sites visés dans la nuit par l’armée indienne est la mosquée Subhan, à Bahawalpur, dans le Pendjab pakistanais, liée selon le renseignement indien à des groupes proches du LeT, notamment le Jaish-e-Mohammed (JeM).
Aussitôt, le gouvernement de cette province, où vivent près de la moitié des 240 millions de Pakistanais, a annoncé fermer toutes ses écoles mercredi.
Peu après ces frappes, le Cachemire s’est embrasé. Les journalistes de l’AFP dans la zone disputée rapportent des explosions à présent de plus en plus rapprochées.
La riposte a commencé et si Dieu le veut, elle va s’accentuer. […] Il ne faudra pas beaucoup de temps pour régler le problème
, a menacé dans un entretien avec l’AFP le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif. Le Comité de la sécurité nationale pakistanais, une instance uniquement convoquée pour les situations extrêmes, se réunira dans la matinée.
Le monde ne peut pas se permettre
un tel affrontement, dit l’ONU
Environ 200 Pakistanais ont défilé tôt mercredi matin dans la ville méridionale de Hyderabad, brûlant des drapeaux indiens et des portraits du premier ministre indien Narendra Modi.
Le monde ne peut pas se permettre une confrontation militaire
entre Inde et Pakistan, a tenté de plaider l’ONU, alors que les deux voisins ne cessent de faire valoir leur droit à se défendre
depuis deux semaines.
Au milieu de ces annonces, le président américain Donald Trump a dit espérer que les affrontements entre Inde et Pakistan s’arrêtent très rapidement
.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio s’est entretenu avec ses homologues indien et pakistanais. Il encourage l’Inde et le Pakistan à rouvrir un canal entre leurs dirigeants pour désamorcer la situation et empêcher une nouvelle escalade
, a déclaré Brian Hughes, porte-parole du Conseil national de sécurité.
Aucune installation militaire pakistanaise n’a été visée
, a martelé New Delhi, estimant faire preuve d’une retenue considérable
pour éviter toute escalade
.
Nous tenons ainsi notre engagement de faire en sorte que les responsables de cette attaque [du 22 avril] rendent des comptes
, a poursuivi le gouvernement ultranationaliste hindou de Narendra Modi.
Après l’attaque à Pahalgam, le gouvernement indien a encore une fois utilisé l’excuse du terrorisme pour […] mettre en danger la paix et la sécurité régionales
, a accusé la diplomatie pakistanaise. L’action irresponsable de l’Inde rapproche les deux États nucléaires d’un conflit majeur
.
Le premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a renchéri : Le Pakistan se réserve le droit absolu de répondre de façon décisive à cette attaque indienne non provoquée – une réponse résolue est déjà en cours
.