Étiquettes
Bruno Retailleau aurait bénéficié de bureaux de campagne non déclarés, offerts par un sénateur multimillionnaire
En novembre 2017, Bruno Retailleau reprend les rênes du microparti « Force républicaine », malgré des comptes dans le rouge. MAXPPP – Thomas Padilla
Lors de sa campagne pour la présidence des Républicains en 2022, Bruno Retailleau aurait bénéficié de bureaux en plein cœur de Paris, mis gracieusement à sa disposition par un sénateur milliardaire. Problème : aucune trace de cette aide n’apparaît dans les comptes du microparti qu’il dirigeait alors.
Pas de paiement, ni de mention dans les comptes du parti. En 2022, alors qu’il se lançait déjà dans la course à la présidence des Républicains, Burno Retailleau — aujourd’hui ministre de l’Intérieur — aurait bénéficié de luxueux bureaux avec vue sur les Champs-Élysées.
Selon une enquête de Mediapart, ces locaux auraient été mis à disposition gratuitement par un sénateur multimillionnaire, lui-même impliqué dans une affaire judiciaire : Jean-Pierre Bansard.
Une campagne coûteuse malgré des comptes en berne
À cette époque, Bruno Retailleau hérite du microparti Force républicaine, fondé en 2001 par François Fillon. Mais les comptes de la structure politique sont aux rouges, et les dettes de l’ancien Premier ministre ne sont pas encore épongées. Face à Eric Ciotti et Aurélien Pradié, ses concurrents à la présidence du parti de droite, Bruno Retailleau se lance dans une campagne fastueuse
En plus des 15 000 euros versés par Les Républicains à chacun des candidats, il aurait pu compter sur l’appui discret de Jean-Pierre Bansard, sénateur élu sous l’étiquette ASFE, mais affilié au groupe LR. Ce dernier lui aurait permis d’occuper des bureaux prestigieux situés dans le très chic « triangle d’or » parisien.
Le trésorier évoque « un oubli comptable »
Problème : aucune trace de cette mise à disposition dans les comptes 2022 de Force républicaine, alors que la loi interdit formellement les financements occultes, même pour des campagnes internes. Le trésorier du microparti évoque aujourd’hui « un oubli comptable » qui aurait depuis été régularisé. Quand ? « Dès que nous nous en sommes aperçus », évacue-t-il auprès de nos confrères. Pourquoi un tel oubli ? Parce que« le paiement n’a pas été réclamé » par le bailleur, ajoute-t-il.
Décédé en 2024, Jean-Pierre Bansard était un personnage méconnu du grand public, mais influent. Classé parmi les 500 plus grandes fortunes françaises, cet homme d’affaires s’était taillé un siège au Sénat en multipliant promesses et faveurs auprès des grands électeurs. Une première élection annulée pour irrégularités avait conduit à l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris, toujours en cours à ce jour.
Dans ses premiers échanges avec Mediapart, le trésorier de Force républicaine, Jean-Pierre Giraud, a d’abord soigneusement évité de mentionner le nom du sénateur Bansard. Il affirme alors que le microparti a signé « une convention de sous-location pour la mise à disposition de deux pièces inoccupées dans un appartement d’habitation ». Ce n’est qu’après relance qu’il a reconnu que la convention avait été signée non pas avec le propriétaire officiel, mais avec « la locataire des lieux », en l’occurrence l’une des filles de Jean-Pierre Bansard.