Étiquettes

, , , , , , , ,

La confrontation entre l’Inde et le Pakistan en 2025 est devenue un champ d’essai et de validation de certains systèmes d’armes chinois, longtemps sous-estimés par la communauté des analystes et dont le baptême de feu vient de démontrer leur efficacité face à des systèmes d’armes occidentaux, russes et israéliens.

Les forces armées pakistanaises ont utilisé le système de défense aerienne de moyenne portée de fabrication chinoise HQ-16A/LY-80 “Faucon” pour intercepter 12 des 13 drones antiradiations IAI Harop de fabrication israélienne lancés par les forces armées indiennes. Ce système peu connu a ainsi démontré des capacités impressionnantes avec un taux d’interception de 92%. Ce duel assez bref a mis en évidence la supériorité technique du HQ-16A mais également l’impact considérable de la coopération militaire de la Chine et le Pakistan sur l’équilibre stratégique en Asie du Sud marqué par une prédominance écrasante de l’Inde.

L’IAI Harop a été utilisé par l’Inde pour cibler des batteries de défense aérienne LY-80 pakistanaises.

Le HQ16A ou LY-80 est un système de missiles de défense sol-air à moyenne portée de fabrication chinoise qui a été introduit dans les forces armées chinoises en septembre 2011. Le HQ-16 est produit par la China Aerospace Science and Technology Corp (CASC). Utilisant des technologies de pointe, telles que le guidage par radar semi-actif à illumination intermittente, le radar à réseau phasé, le lancement vertical à froid et le réseau de communication radio, le HQ-1/ LY-80 peut être utilisé dans un environnement de fortes interférences électromagnétiques et par tous les temps.

A l’épreuve du feu : la domination du Falcon-80 sur le champ de bataille en chiffres


Lors de la frappe aérienne indienne dans le cadre de l’opération Sindoor, le système HQ-16A a joué un rôle central dans le dispositif de défense aérienne mis en place dans les zones clés de la province du Punjab. Son radar à réseau phasé peut détecter simultanément 144 à 160 cibles à 200 kilomètres de distance et verrouiller 12 à 14 cibles pour l’attaque. Face aux raids à basse altitude menés par des essaims de drones indiens, le système permet d’obtenir une puissance de feu intensive grâce à un mécanisme de réponse rapide (13 minutes seulement entre la détection et le lancement). La configuration de 4 lanceurs et de 24 missiles à lancer par bataillon permet aux 144 missiles de 6 bataillons de missiles de former une puissance de feu d’interception de saturation, vérifiant pleinement son concept d’attaque anti-saturation.

Renforcement de la capacité de mise à niveau technologique. Le LY-80, version destinée à l’export du Hq-16A, a une portée initiale de 40 kilomètres, mais la version effectivement déployée par le Pakistan pourrait avoir intégré les améliorations techniques du HQ -16B. En allongeant le corps et en optimisant le moteur, sa portée a été portée à 70 km, et on suppose qu’elle pourrait atteindre 100 km, ce qui la place au rang des armes de défense aérienne à longue portée. Lors de cette interception, la capacité du système à capturer des cibles à basse altitude (hauteur de tir minimale de 10 mètres) et sa vitesse de vol de Mach 3 ont été déterminantes pour abattre les drone anti-radiation adverses.

Reconfiguration du système de défense aérienne de l’Asie du Sud

Suite aux prestations assez mitigées des systèmes de défense aérienne en Ukraine, en Russie (guerre d’Ukraine), en Israël, Arabie Saoudite, Égypte et Syrie (guerres du Levant) à l’ombre des nouvelles stratégies adoptées en la matière, il était fort intéressant de voir des systèmes de défense aérienne de conception chinois en situation de combat réel. L’usage du LY-80 par le  Pakistan à des fins dissuasives face au géant indien a débuté en 2017, avec le déploiement de six systèmes   dans des zones disputées ou sensibles  telles que le Cachemire et le Punjab, formant ainsi un réseau de défense en profondeur. Sa couverture menace directement les bases aériennes de première ligne de l’Inde, obligeant les chasseurs Dassault Rafale indiens à se replier à distance de sécurité. Cette stratégie du “sol pour contrôler l’air” compense efficacement le désavantage des forces aériennes pakistanases  comme l’a montré l’abattage du MiG-21 indien en 2019. De ce fait, le système LY-80 a contribué à la création et au marquage de “zones interdites” en se basant sur un avantage comparatif de différence de génération technologique et ce, malgré le fait que l’Inde dispose du système russe S-400 dotés de  missiles Sol-Air 9M96 d’une portée de 120 kilomètres. Le LY-80EV aurait une portée améliorée de 160 kilomètres et utilise un radar actif à réseau phasé à double bande, qui peut guider huit missiles pour attaquer différentes cibles en même temps. L’avantage générationnel de cette capacité de guerre électronique rend difficile l’efficacité de la tactique indienne consistant à essayer d’épuiser la puissance de feu de la défense aérienne pakistanaise par le biais d’essaims de drones.

Cet exemple d’interception Sol-Air révèle trois tendances de la défense aérienne moderne de la décennie 2020 :

La première est la capacité de traitement multicibles et l’usage d’algorithmes anti-brouillages avec l’établissement de modèles pour traiter les menaces posées par les leurres et les essaims de drones; la seconde est l’intégration de tous les systèmes dans un nuage de données relié par une liaison cryptée capable de résister aux menaces. Cet ensemble d’alerte avancée permet la synchronisation de l’ensemble des éléments du réseau; enfin, la troisième tendance est inhérente à l’innovation tactique et la puissance de feu, deux éléments qui déterminent dès à présent la défense aérienne du futur.

Le succès au combat du LY-80 n’est pas seulement la victoire technique de l’équipement chinois, mais aussi un cas d’école classique de petits pays manquant de ressources ou faibles face à leur adversaires et qui s’appuient sur des achats militaires stratégiques et très judicieux pour moderniser leur défense nationale. Les systèmes d’armes chinois que nombre d’experts ont critiqué et tout bonnement sous-estimé modifient  le jeu de l’attaque et de la défense dans les cieux de l’Asie du Sud et sont en train de révolutionner le mode de production “solution système” de l’industrie militaire chinoise à travers le regain des capacités d’observation chinoises dans l’océan indien et dans l’espace extra-atmosphérique. Ce facteur, marqué par la supériorité de systèmes moyens comme la combinaison infernale du chasseur J-10C (lequel est loin d’être le seul avion de combat le plus optimisé)  avec le missile Air-Air de longue portée PL-15  face au Dassaut Rafale et au Sukhoï Su-30 MKI est en train de redessiner en ce moment même le schéma du commerce mondial de la défense.

Strategika510