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François Burgat, Justice, libérté d'expression, officines pro-israéliennes, tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence
L’ancien directeur de recherche au CNRS, était poursuivi après des tweets polémiques sur le conflit israélo-palestinien.

L’islamologue et politologue François Burgat, 77 ans, ancien directeur de recherche au CNRS et ex-dirigeant de l’Institut français du Proche-Orient, a été relaxé ce mercredi 28 mai des accusations d’apologie du terrorisme par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). La justice reprochait au chercheur retraité une succession de messages polémiques sur les réseaux sociaux concernant le Hamas et la situation à Gaza .
François Burgat avait été placé en garde à vue durant sept heures le 9 juillet 2024 après un article 40 (signalement) de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) suivi d’une plainte de l’Organisation juive européenne (OJE) rejointe par Avocats sans frontières et la Licra qui s’étaient également constitués parties civiles pour « apologie publique d’un acte de terrorisme ».
« Ce n’est pas ma culpabilité qui aurait été établie mais le dysfonctionnement du système judiciaire, qui aurait fonctionné sous influence politique, qui aurait fonctionné sous influence étrangère », soufflait dans la salle François Burgat.
« Mais il y a des tas de gens qui sont condamnés à des peines lourdes, infamantes, alors qu’ils n’ont rien fait de plus que moi. Je n’ai fait que ce qu’a fait le général de Gaulle, c’est-à-dire corréler la violence armée venant du côté palestinien à la violence armée venue initialement du côté israélien. »
« La décision du tribunal est conforme au travail accompli par la défense et aux arguments juridiques, on avait toute confiance dans le fait de faire valoir nos arguments, notamment que l’infraction d’apologie du terrorisme issue de la loi du 13 novembre 2014 n’a pas été conçue pour ce type de poursuites — pour réprimer des contestations politiques — mais pour lutter contre les filières de recrutement en ligne de djihadistes, on n’est clairement pas dans ce cas-là », estime Me Rafik Chekkat, l’avocat de François Burgat.
« Chaque fois que l’on consacre la liberté d’expression, c’est une victoire du droit, là, il s’agit d’une application stricte de la loi pénale. C’est un soulagement, mais la multiplication des poursuites devrait nous inquiéter, car on a certaines associations qui, d’une certaine manière, essayent de tordre le droit et d’instrumentaliser la justice à des fins politiques et pas du tout juridique, ajoute-t-il. Par cette décision, le tribunal a montré qu’il n’était pas là pour être le service de communication ou le SAV des officines pro-israéliennes. »