Les néoconservateurs passent à l’action…
James W. Carden
Dans un article marquant publié cette semaine dans le magazine New York, la journaliste Suzy Hansen observe que :
Les démocrates se sont laissés entraîner dans l’anarchie par Netanyahu et les membres virulemment racistes de son cabinet, tels que [le ministre des Finances Bezalel] Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Alors même que les États-Unis s’interrogent sur l’âge du président Biden, rares sont ceux qui se demandent comment sa sénilité a influencé l’orientation de la politique américaine à Gaza. Au contraire, les vétérans de l’administration ne cessent de répéter que le seul domaine dans lequel Biden est resté engagé est la politique étrangère, comme si ces politiques étaient réellement bonnes et non pas imparfaites, catastrophiques ou potentiellement criminelles.
Biden et son secrétaire d’État Antony Blinken ont apporté leur soutien inconditionnel à un massacre qui, depuis le 7 octobre 2023, a coûté la vie à plus de 56 000 personnes et en a blessé 127 000 autres. Mais ces estimations prudentes sont celles du ministère de la Santé de Gaza. La revue médicale The Lancet estime que le nombre de morts pourrait atteindre 186 000.
Gardez à l’esprit que ce chiffre est loin de l’objectif fixé par Smotrich, qui est d’affamer à mort 2 millions de Palestiniens.
Le silence des législateurs démocrates face à ce génocide est assourdissant. (À droite, l’opposition à l’agression israélienne s’est principalement limitée à des personnalités médiatiques indépendantes telles que Tucker Carlson et les piliers du mouvement libertarien anti-guerre — National Review, The Dispatch, The Bulwark et le reste de la bande néoconservatrice semblent ne jamais se lasser de se vautrer dans le sang, tandis que les soi-disant « conservateurs nationaux » ou nat-cons se sont montrés tout aussi mauvais).
À cela s’ajoute maintenant l’attaque illégale et injustifiée d’Israël contre l’Iran.
La version officielle avancée par l’administration Trump est absurde. D’un côté, nous sommes censés croire, comme l’a déclaré Marco Rubio, qui cumule deux fonctions, que les États-Unis n’étaient « pas impliqués » dans les frappes « unilatérales » d’Israël contre l’Iran. De l’autre, le président a déclaré à ABC News : « Nous leur avons donné une chance et ils ne l’ont pas saisie. »
Alors, qu’en est-il ? Étions-nous impliqués ou non ?
Franchement, personne ne croit qu’Israël ait la capacité de mener de telles frappes sans le soutien des États-Unis en matière de ravitaillement, de ciblage, de renseignement, de surveillance et de reconnaissance. Ces attaques prouvent, à tout le moins, que l’influence des néoconservateurs au sein de l’administration reste puissante, malgré les informations selon lesquelles le NSC aurait été purgé des faucons iraniens et des agents israéliens évidents.
Il est vrai que le président est assailli de toutes parts par un puissant groupe de voix pro-israéliennes, dont font partie son gendre, des voyous des médias tels que Mark Levin et Rupert Murdoch, des donateurs tels que Miriam Adelson (qui a fait don de 100 millions de dollars à la campagne de Trump pour 2024) et des agents virulemment pro-israéliens occupant des postes sensibles au sein du département d’État (l’un d’entre eux en particulier au sein de l’équipe de planification politique). En leur permettant de faire taire les voix plus sensées, le président risque de répéter l’erreur que chacun de ses prédécesseurs depuis 1992 a commise : celle d’assimiler les exigences de l’extrême droite israélienne (et de son lobby merveilleusement bien financé ici à Washington) à l’intérêt américain.
Pourtant, il semble en passe de commettre cette erreur. Lors d’une réunion du G7 à Calgary lundi, Trump a catégoriquement refusé de signer une déclaration des dirigeants exhortant Israël à désamorcer la situation. Netanyahu, quant à lui, appelle à l’élimination du guide suprême iranien, tandis que l’Iran cherche activement à reprendre les négociations.
Quel camp semble le plus raisonnable ?
Si l’Amérique d’abord doit avoir un sens, M. Trump doit retirer Washington et, surtout, Netanyahu, du gouffre d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient.
James W. Carden est rédacteur en chef de TRR.