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Craig Murray

Depuis 18 ans, le programme nucléaire iranien figure parmi les 10 principales cibles des services du renseignement américains. En 2007, ils ont procédé pour la première fois à un examen interinstitutionnel officiel. Cet examen a lieu chaque année. Il ne s’agit pas d’un processus mineur. De nombreuses informations sont recueillies auprès de dizaines de parties prenantes à Washington, sous la houlette de la CIA.

Le résultat est le même chaque année. L’Iran ne cherche pas actuellement à développer l’arme nucléaire. Beaucoup savent que Tulsi Gabbard a rendu cette évaluation au printemps dernier. Peu de gens réalisent que cette évaluation n’était en aucun cas spécifique à Tulsi Gabbard et qu’elle a rendu le même avis, à l’issue du même processus, que les directeurs du renseignement national sous les administrations républicaine et démocrate.

Rien n’a changé. La seule évolution tient à l’attaque de Netanyahu contre l’Iran. Trump semble pouvoir s’en tirer en déclarant simplement qu’il se moque de ce que disent les agences du renseignement. C’est plus compliqué pour Starmer.

Les forces armées britanniques et américaines sont déjà engagées dans cette guerre, abattant des missiles iraniens, ravitaillant les bombardiers israéliens (aux côtés des Allemands) et fournissant des informations sur les cibles. Des fournitures militaires sont expédiées vers Israël via la base aérienne britannique d’Akrotiri, une colonie britannique souveraine située à Chypre, et des bombardiers israéliens y ont certainement atterri la semaine dernière. Je ne peux toutefois pas confirmer s’ils ont décollé de là pour mener des frappes.

Au Royaume-Uni, l’opinion publique ne soutient pas la participation britannique à une attaque contre l’Iran, malgré la propagande massive et incessante de tous les médias d’État et privés. Je ne pense pas que quiconque s’informant uniquement par les médias grand public ces deux dernières semaines se doute qu’Israël détient des armes nucléaires ou qu’il n’y a aucune preuve que l’Iran en fabrique.

Le gouvernement britannique dispose d’une majorité parlementaire écrasante – obtenue avec seulement 31 % des voix – et d’une “opposition” conservatrice encore plus encline à attaquer l’Iran que les sionistes enragés Starmer et Lammy. Je ne vois pas comment les empêcher d’attaquer l’Iran. Mais ils vont tout faire pour manipuler l’opinion publique. Il est donc essentiel que l’avis du MI6, selon lequel l’Iran ne développe pas d’arme nucléaire, soit passé sous silence.

Lorsque Blair a produit son dossier mensonger des “services du renseignement” pour justifier la destruction de l’Irak, il a eu la chance que Richard Dearlove soit à la tête du MI6, qui n’était pas seulement l’idéologue le plus à droite à avoir jamais occupé ce poste, mais aussi l’un des hommes les plus à droite de toute l’Angleterre. Dearlove croyait les justifications morales de la guerre plus importantes que la vérité sur les armes de destruction massive irakiennes.

Blair avait également pour allié Sir John Scarlett, chef du Comité mixte du renseignement et futur directeur du MI6. Scarlett croyait passionnément que la promotion de sa carrière était plus importante que la vérité sur les armes de destruction massive irakiennes.

Il est intéressant de noter – et c’est un excellent exemple de la façon dont fonctionne le monde néolibéral – que le prochain chef du MI6, Sir John Sawers, est aujourd’hui cadre chez British Petroleum. Cette société a contrôlé l’Iran pendant des décennies, a mis en place le prétendu “Shah” Pahlavi en 1921 et a orchestré et financé le coup d’État qui a mis fin à la démocratie en Iran en 1953. La dictature effroyable du Shah a mené tout droit à la révolution théocratique.

BP a désespérément besoin du pétrole iranien, ce qui explique pourquoi l’ancien chef du MI6 Sawers n’a cessé de prôner la guerre contre l’Iran dans tous les médias. Ce n’est pas un hasard si, il y a deux jours, un nouveau chef du MI6 a été choisi et nommé. Starmer a trouvé son Dearlove.

La nomination a été faite par David Lammy. Blaise Metreweli a été choisie parmi des candidats plus éminents, en poste depuis plus longtemps au MI6, qui avaient plus d’expérience opérationnelle et étaient de meilleurs analystes ou gestionnaires. Cependant, Metreweli, qui a passé une grande partie de sa carrière au Moyen-Orient, est une fervente sioniste. Elle a étroitement collaboré avec Israël sur des technologies de surveillance et d’assassinat.

Metreweli a développé des projets avec Pegasus et Palantir et a été étroitement impliquée dans l’utilisation par Israël de nouveaux types d’attaques au Liban et en Iran. Elle a été fortement recommandée à Lammy par le Mossad pour succéder à la tête du MI6. Le MI6 et le FCDO sont inextricablement liés. Ils œuvrent littéralement main dans la main dans les ambassades du monde entier, et le personnel du quartier général du MI6 à Londres est couvert par des emplois au sein du FCDO.

Les responsables du FCDO sont extrêmement mécontents de la participation du Royaume-Uni au génocide à Gaza, et Lammy aurait ordonné par centaines à ses collaborateurs de se taire ou de démissionner. La désignation par le Mossad du prochain chef du MI6 suscite la consternation. J’ai demandé à mon contact, un haut responsable du FCDO, si Metreweli a été impliquée dans les attaques contre les beepers au Liban. La réponse a été : “Je ne suis pas sûr à 100 %, mais probablement, oui”.

Attendez-vous à une annonce imminente selon laquelle le MI6 a déterminé que l’Iran est sur le point de produire une arme nucléaire.

Le gouvernement semble justifier son implication militaire actuelle par la nécessité de défendre un “allié”, Israël. Emily Thornberry, députée et avocate haut placée au sein du gouvernement, a déclaré hier soir sur BBC Newsnight que le droit légal de mener une action militaire repose sur notre “droit de défendre nos amis”. Elle n’a pas utilisé le mot “allié”, et le droit invoqué par Thornberry n’existe pas.

Starmer et Lammy qualifient tous deux fréquemment Israël d’“allié”, mais il n’existe aucun traité d’alliance public. Il existe un accord secret de coopération en matière de défense entre le Royaume-Uni et Israël datant de 2020. On ne sait pas si cet accord équivaut à un traité de défense mutuelle.

De tels traités sont censés être publics et homologués, notamment parce qu’ils ont entre autres pour objectif d’assurer la dissuasion. On peut consulter tous les traités fondateurs de l’OTAN.

Il est moralement choquant que le Royaume-Uni puisse entrer en guerre sur la base d’un traité d’alliance caché au peuple britannique, ce qui ne devrait même pas être envisagé, encore moins mis en œuvre. Mais la démocratie est morte au Royaume-Uni, à tel point que son sens a été tout simplement oublié.

Pire encore, il ne s’agit pas d’un cas de défense mutuelle, mais bien d’une attaque mutuelle. C’est Israël qui a attaqué l’Iran.

En se rangeant aux côtés d’Israël, comme il se range aux côtés de l’Ukraine, le Royaume-Uni cautionne les tactiques terroristes telles que l’utilisation de voitures piégées par ses “alliés” ukrainiens et israéliens. Sur quelle base morale le Royaume-Uni peut-il donc condamner l’utilisation de voitures piégées dans les rues de Londres, alors qu’il soutient ses “alliés” dans cette pratique ?

Vous vous souvenez peut-être que j’ai récemment publié deux articles consacrés aux récits extraordinaires de faux complots terroristes largement relayés par les services de sécurité britanniques dans les médias grand public. Tous deux portaient sur des actions présumées contre Iran International, une organisation médiatique fictive financée par l’Arabie saoudite et la CIA qui promeut le retour du Shah Pahlavi avec l’aide d’Israël et des sunnites iraniens.

Grâce à la campagne Assange, j’ai des contacts du côté libertaire du MAGA qui pourraient vous surprendre, certains étant même au sein de l’administration. On m’a dit que le scénario ultime proposé à Washington par Israël et l’Arabie saoudite est un renversement du régime iranien avec le retour du Shah et d’un Premier ministre sunnite.

N’oubliez pas que lorsque j’ai écrit ces deux articles sur les événements remarquables impliquant les services de sécurité et Iran International, on ne pouvait pas encore parler de guerre avec l’Iran. Voici un extrait de mon premier article :

“Fait inhabituel, l’un des “complots iraniens” fictifs de McCallum a effectivement abouti à une condamnation en 2023, et vous devriez vous pencher sur cette affaire pour mieux comprendre la psychologie perverse des services de sécurité.

“Parmi une multitude de chaînes, Iran International est probablement la plus douteuse au monde. Financée par l’Arabie saoudite, cette chaîne confidentielle en langue farsi s’adresse aux Iraniens qui soutiennent Israël, le retour du Shah et l’Arabie saoudite.

Encore une fois, il s’agit d’un créneau très restreint.

“Pourtant, cette minuscule chaîne a été créée grâce à un investissement saoudien d’un quart de milliard de dollars. Oui, vous avez bien lu, 250 millions de dollars. Il serait intéressant de savoir ce qu’est devenu tout cet argent”.

Tout s’imbrique désormais parfaitement.

Le Royaume-Uni a sombré dans les bas-fonds de l’immoralité dont se nourrit le sionisme. Les conséquences seront terribles.

Craig Murry