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Donald Trump, Etats-Unis, Israël, Le changement de régime, le front de la Résistance, le noeud iranien
Si Benjamin Netanyahu se comporte comme « le sauveur envoyé par Dieu pour garantir l’avenir du peuple juif », cela ne fait pas de lui le seul fou qui mène la région à sa perte, car son compagnon de folie…
Ibrahim Al-Amin

Si Benjamin Netanyahu se comporte comme « le sauveur envoyé par Dieu pour assurer l’avenir du peuple juif », cela ne fait pas de lui le seul fou qui mène la région à la destruction, car son compagnon de folie, Donald Trump, se considère lui aussi comme le sauveur qui va refondre le monde et la vie des gens selon ses idées, même si celles-ci ne sont pas de nature religieuse.
Il y a quelques jours, Robert Malley, ancien négociateur américain sur l’accord nucléaire iranien, a déclaré à France Inter : « Il faut être psychiatre ou astrologue pour savoir ce que Donald Trump va faire au sujet du conflit entre Israël et l’Iran, car il change d’avis et de position dix fois par semaine ».
Quiconque suit les déclarations de Trump au cours des dernières 72 heures doit courir d’un côté à l’autre, sans garantie de le rattraper.
Mais ce qui est certain, c’est que Trump dit délibérément qu’il étudie les options qu’il souhaite suivre pour gérer la guerre en cours entre l’Iran et l’ennemi.
Et bien que le « flou » de cet homme stimule l’appétit des analystes de tous bords, la logique qui le guide rend l’opinion la plus probable, à savoir l’implication de Trump dans la guerre.
Il convient de noter que certains continuent de penser que de nombreux éléments pourraient amener Trump à prendre une direction différente, dans le but de trouver une formule pour mettre fin à la guerre et se présenter à nouveau comme l’homme qui éteint les guerres et instaure la paix.
Le problème de Trump dans ce dossier est qu’il sait que toute fin à la guerre actuelle ne se fera pas d’une manière qui lui permettra d’être l’acteur décisif du lendemain.
Mais s’il intervient dans la guerre et que son armée parvient à briser la volonté et la résistance de l’Iran, il pourra alors parler d’un résultat qui lui convient et qui convient à Israël. Dans le cas contraire, ce qui est très probable, cela conduira à des compromis d’un autre type. Ce sont les mêmes compromis que les acteurs sont contraints de conclure pour éviter davantage de sang et de destruction, mais ils restent sous la forme d’un « conflit suspendu » en attendant le moment choisi par l’une des parties concernées pour renverser la situation, à la recherche d’un résultat qui renforce sa position et son rôle au détriment des autres.
Netanyahu a réussi à établir un lien solide entre l’objectif d’affaiblir l’Iran sur les plans nucléaire et politique et celui de lancer une bataille pour renverser le régime
Le problème dans l’approche de cette question ne concerne pas les calculs des parties médiatrices ou raisonnables. Il concerne uniquement les calculs de celui qui a déclenché cette guerre et qui pense pouvoir atteindre ses objectifs grâce à elle.
Il n’est pas logique d’ignorer le grand succès remporté par Netanyahu lorsqu’il a convaincu Trump que cette guerre servirait son objectif de soumettre l’Iran.
Car Trump a clairement exprimé ses exigences lors des négociations avec l’Iran, à savoir qu’il voulait sa capitulation. Il est vrai qu’il le réclame ouvertement ces jours-ci, mais il le demandait poliment il y a une semaine.
Cependant, Trump a pris soin, tout au long de la phase précédente, de souligner qu’il voulait la paix, même par la force.
Par conséquent, ce que Trump est censé faire doit servir cette stratégie, dont la guerre fait désormais partie. Car Trump sait que si Israël gagne, il obtiendra ce qu’il veut de Téhéran, ou du moins c’est ce qu’il suppose.
Trump sait également que si l’Iran gagne, ou résiste et oblige Israël à mettre fin à son agression, il sera contraint de conclure un accord avec lui à des conditions différentes, ou bien il pourrait décider de laisser les choses en l’état et d’intensifier ses pressions économiques extrêmes sans avoir besoin de normaliser les relations.
Dans tous les cas, la logique veut que Trump se soit rendu de son plein gré à la table des négociations. Qu’il préside la table ou qu’il s’assoie à côté de Netanyahu, il est désormais contraint de faire des choix fondés sur des faits concrets.
Dans ce cas, la seule avancée qui permettrait à tout le monde de descendre de ses positions serait de trouver un médiateur ou un intermédiaire relativement neutre, capable de convaincre d’abord l’Iran, avec un accord qui lui soit favorable non pas sur la question nucléaire, mais sur la garantie d’une levée équitable des sanctions, ce qui semble impossible compte tenu du parti pris de l’Occident tout entier en faveur des États-Unis et d’Israël.
Mais, indépendamment de tout effort diplomatique, Israël, la partie directement concernée par cette guerre, cherche à obtenir un accord qui ne donne pas à l’Iran le droit de poursuivre son programme nucléaire.
Car le simple fait que le monde reconnaisse ce droit à l’Iran représenterait un échec retentissant pour tous les objectifs de la guerre. En outre, Israël agit comme si cette bataille, même si elle ne mettait pas complètement fin au programme nucléaire, ouvrait la voie à l’entrée de l’Iran dans une spirale de problèmes politiques, économiques, sécuritaires et militaires, ce qui la conduirait, selon la logique israélienne, à une situation similaire à celle de la Syrie avant la chute du régime du président Bachar al-Assad.
Israël s’efforce, avec le soutien des États-Unis et de l’Europe, de renforcer le climat de tensions internes en Iran, afin de faire émerger un courant au sein du pays qui réclame un changement de régime.
Israël, qui a réussi à établir des installations militaires et sécuritaires à l’intérieur de l’Iran, sera en mesure de fournir un soutien médiatique, politique, sécuritaire et militaire à tout groupe prêt à s’engager dans un projet visant à détruire l’Iran de l’intérieur.
L’idée qui ressort de tout ce qui précède est que ce qui s’est passé et se passe encore aujourd’hui conduit à une vision dans laquelle les objectifs de la guerre se confondent, entre ceux qui veulent affaiblir l’Iran sur les plans nucléaire, militaire, politique et économique, et ceux qui veulent orienter la situation vers une phase de renversement du régime à la base. Cette perception suffit à inciter l’Iran et ses alliés à agir différemment, car ce front est confronté à un défi de taille : quand et comment l’axe de la résistance reprendra-t-il l’initiative ?