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Donald Trump, Etats-Unis, Iran, Russie, site nucléaire de Fordo

Depuis hier, les analystes militaires sérieux se sont tous posés la question: le Pentagone a-t-il vraiment envoyé des bombardiers B2 frapper le site nucléaire de Fordow? En fait, une enquête approfondie révèle que c’est bien le cas ! Il s’agissait d’une frappe « symbolique », dont les Iraniens connaissaient à l’avance le détail. Mais pour comprendre ce qui s’est passé, il faut retracer toute l’histoire de l’opération, depuis le feu vert de Donald Trump jusqu’à la mise en œuvre, avec une gigantesque mise en scène, à l’échelle mondiale. La question est cependant de savoir si la guerre peut être organisée comme un match de catch.
Hier, je vous donnais mon sentiment d’une théâtralisation des frappes sur l’Iran par Donald Trump.
Aujourd’hui, nous en savons plus sur les conditions dans lesquelles les frappes ont eu lieu. La rédaction vous le disait ce matin: les Iraniens étaient prévenus des frappes et de leur localisation!
Des B2 fantômes?
Now that imagery has emerged, I think my take from last night is vindicated – the damage seen thus far is not consistent with extremely large « bunker-buster » bombs but with lighter standoff weapons that caused only surface damage.
The Iranians also clearly had ample warning.… pic.twitter.com/wknYTVYIi6
— Armchair Warlord (@ArmchairW) June 22, 2025
Armchair Warlord est un le pseudo d’un ancien officier d’artillerie américain. Il s’agit de l’un des très bons analystes de la Guerre d’Ukraine! Il suit bien entendu la Guerre d’Iran depuis le départ.
Pour lui, il ne fait pas de doute, si vous lisez son post, que les trous laissés par les impacts de frappes américaines à Fordow ou sur les autres sites frappés (Natanz, Ispahan) ne correspondent pas à des impacts des bombes anti-bunker, dont tout le monde parlait depuis plusieurs jours.
Du coup, certains analystes vont jusqu’à douter de la présence de bombardiers B2 (capables de transporter les bombes anti-bunker dites MOP) au-dessus du sol iranien dans la nuit de samedi à dimanche.
Samedi, toutes les personnes qui suivent l’actualité sur internet et les réseaux sociaux ont entendu parler de bombardiers B2 traversant le Pacifique, faisant des ravitaillements réguliers et se dirigeant vers Guam, Diego Garcia et ensuite…..l’Iran, assuraient des gens bien informés (les gens qui ont vu l’homme qui a vu le chasseur qui a vu l’ours….). Or pendant ce temps personne ne parlait de bombardiers américains venus par l’ouest et de sous-marins se mettant en position pour tirer des Tomahawk.
Faut-il penser qu’il n’y a eu aucun B2 survolant l’Iran pour finir? Voici la réponse que donne Simplicius:
La grande question est de savoir ce qui s’est réellement passé : s’agissait-il d’une attaque entièrement simulée, comme certains le suggèrent ? Rappelons qu’il n’existe aucune preuve que des B-2 aient survolé l’Iran, alors que des dizaines de missiles Tomahawk ont été tirés depuis un sous-marin de classe Ohio situé à 400 miles de là. Beaucoup parlent désormais du mot à la mode de la journée, « affaissement », causé par les bombes antibunker. Mais tous les experts ne sont pas convaincus. (…)
Il est possible que les cratères proviennent simplement des Tomahawks lancés depuis des sous-marins, même s’ils semblent suffisamment grands pour provenir d’une arme beaucoup plus puissante.
Mon opinion personnelle, cependant, est qu’un accord secret a très probablement été conclu pour que les B-2 puissent passer en toute sécurité et mener une « frappe de démonstration » limitée.
Les preuves ?
Tout d’abord, le fait qu’il s’agissait d’une frappe de faible envergure, qui, même selon les experts, a nécessité beaucoup moins de MOP (Mass Ordnance Penetrators) que nécessaire. Le problème est que, comme la moitié de la flotte opérationnelle de B-2 a été utilisée comme « diversion », l’autre moitié (7 B-2) ne pouvait transporter que 14 pénétrateurs au total, qui ont dû être répartis entre plusieurs installations, dont Natanz, en plus de Fordow. Cela signifie que Fordow n’a reçu que six frappes, bien moins que nécessaire. Pour en recevoir davantage, les B-2 auraient dû effectuer de nombreux vols ou prolonger la campagne, ce qui aurait pu entraîner des imprévus. En signalant une frappe « symbolique », Trump a probablement apaisé l’Iran afin qu’il ne réagisse pas.
Donald Trump a retrouvé ses réflexes d’organisateurs de matchs de catch
On connaît le catch, dont les résultats sont d’autant plus truqués que les lutteurs sont démonstratifs. Donald Trump avait l’habitude, dans une vie antérieure, d’organiser ou faire organiser des matchs entre catcheurs. En l’occurrence, il a très clairement truqué l’opération de frappes aériennes:
Diverses informations circulent selon lesquelles, par le biais des canaux secrets habituels en Suisse, l’administration Trump aurait essentiellement informé l’Iran des frappes, laissant entendre que tant que l’Iran ne réagirait pas, il s’agirait d’une attaque « ponctuelle ». Si cela s’avérait vrai, cela indiquerait clairement que l’accord secret proposé exigerait de l’Iran qu’il laisse passer sans encombre les frappes américaines et qu’il offre aux États-Unis une issue honorable pour se retirer du conflit. C’était l’une des possibilités que nous avions prévues il y a quelques jours dans notre article premium, et cela semble désormais de plus en plus probable.
Ce n’est pas la première fois que Trump agit ainsi : rappelez-vous la tristement célèbre attaque Tomahawk de 2017 contre la base syrienne de Shayrat, présentée comme un coup fatal « dévastateur », qui s’est avérée être une frappe symbolique sans conséquence, laissant quelques nids-de-poule sur la piste et ne causant aucun dommage réel. C’est la manière dont Trump soulage la pression des néoconservateurs, une sorte de test de pureté pour ses conseillers israéliens.
Cela va très loin puisque les Iraniens ont eu trois jours, toujours selon Simplicius, pour étayer les entrées des sites qui allaient être frappés et les protéger relativement des frappes à venir.
Ajoutons que les analystes militaires que je suis sont de plus en plus convaincus que l’Iran avait, depuis plusieurs mois, déplacé son uranium enrichi dans un endroit gardé secret.
Il s’agit donc d’une opération truquée de bout en bout. Et Simplicius de conclure ainsi:
Je suis convaincu que l’Iran a décidé d’accepter l’offre des États-Unis et a autorisé le passage sans encombre du contingent d’armes afin de permettre quelques frappes « symboliques » insignifiantes sur Fordow, sachant que c’était le prix à payer pour que les États-Unis se retirent du conflit.
Aujourd’hui, des rumeurs circulent selon lesquelles Israël pourrait utiliser cette « porte de sortie » comme prétexte pour conclure à son tour un nouvel accord et mettre fin aux hostilités, étant donné qu’il s’est épuisé et qu’il est en train de perdre une guerre d’usure contre l’Iran.
La guerre n’est pas un match de catch!
Je n’ai aucun doute pour ma part sur le fait que Donald Trump ne se sentait pas assez fort face au gouvernement israélien et aux partisans d’Israël aux Etats-Unis pour refuser de frapper l’Iran. Nous aurons à revenir sur ce que cela signifie de la situation américaine.
J’estime les Iraniens suffisamment stratèges pour entrer dans le jeu des Américains! En revanche, je ne pense pas que cela signifie que la guerre entre l’Iran et l’Israël puisse facilement baisser d’intensité. Les Iraniens ne peuvent pas accepter le discours israélien sur le changement de régime – un discours d’ailleurs repris par Donald Trump lui-même dimanche soir:
Donald J. Trump Truth Social 06.22.25 04:45 PM EST pic.twitter.com/4ZhP5iadoI
— Commentary Donald J. Trump Posts From Truth Social (@TrumpDailyPosts) June 22, 2025
Ce lundi matin, les Israéliens ont frappé Fordow, apportant un démenti à Trump: le travail des bombardiers américains ne serait donc pas fini? Mais là encore, il s’agit d’un leurre, en partie, puisque tout le monde est d’accord pour penser que l’uranium enrichi est désormais stocké ailleurs.
Ce lundi, la guerre entre Israël et l’Iran n’a pas baissé d’intensité. J’y reviens dans un prochain article.