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Photo : « The Telegraph »

S’il existe un spectacle plus dégoûtant que celui de Starmer rampant devant Macron, je ne l’ai pas encore vu.

Allister Heath    

Au revoir la Grande-Bretagne, terre de Churchill, de la liberté individuelle, de la révolution industrielle et de l’abolition de l’esclavage ; au revoir la France, patrie de de Gaulle, de la méritocratie, du rationalisme et de 365 sortes de fromage… Deux pays glorieux, divisés par une histoire commune.
Bonjour plutôt au cauchemar dystopique de la Frangleterre, deux États en faillite pour le prix d’un, tous deux enfermés dans une spirale économique, culturelle et sociale fatale.

Après avoir divergé dans les années 1980 et 1990, la France et la Grande-Bretagne convergent à nouveau, malgré le Brexit, copiant chacune les pires pathologies de l’autre, des impôts élevés à la boulangerie, de l’incontinence fiscale à la mauvaise nourriture : la seule question est de savoir laquelle implosera la première.

Sir Keir Starmer et Emmanuel Macron font de leur mieux pour gagner cette course avec leurs politiques idiotes, destructrices et nihilistes, mais cela se jouera à peu de choses. Les deux nations sont drastiquement diminuées, leurs forces armées réduites à l’essentiel, leur recul géopolitique s’accélérant (dans le cas de la Grande-Bretagne avec le fiasco des Chagos, dans celui de la France avec son expulsion de l’Afrique), leurs économies à peine en croissance, leurs industries vidées de leur substance, leurs États-providence horriblement coûteux.

La visite d’État s’est avérée être un jamboree pathétique, un spectacle tragique où le plus faible des hôtes (Starmer) a encouragé le plus pompeux des invités (Macron) à jouer les grandes puissances politiques, à nous faire la leçon sur le Brexit, sur le bien-fondé de l’anti-américanisme, sur nos échecs en matière d’immigration et même sur la reconnaissance d’un État palestinien. Même l’inévitable leçon de philosophie de Macron s’est révélée être une erreur d’histoire intellectuelle, confondant les Lumières écossaises et françaises, ce que Hayek appelait le vrai et le faux individualisme.

Le président français avait raison de dire que la Grande-Bretagne doit faire beaucoup plus pour s’attaquer aux facteurs de la demande qui attirent l’immigration illégale au Royaume-Uni, mais il s’est également rendu coupable d’une hypocrisie stupéfiante. Pourquoi la France n’expulse-t-elle pas tous ses immigrés clandestins ? Pourquoi leur permettre de vivre dans des villages de tentes illicites ? Pourquoi partager implicitement le mensonge, à des fins d’asile, selon lequel la France n’est pas un État « sûr » ?

Macron préférerait que les immigrés clandestins ne se rassemblent pas à Calais, mais il ne s’en soucie pas suffisamment pour faire quelque chose de significatif à ce sujet (la perforation d’un bateau d’immigrés la semaine dernière n’était qu’un coup d’éclat publicitaire). Le plan « une entrée, une sortie » échouera très probablement ; le projet pilote sera trop modeste pour modifier le calcul des immigrants ou des passeurs. Les Britanniques sont trop naïfs, trop désespérés pour ne pas avoir à envisager de quitter la CEDH : la Grande-Bretagne pourrait résoudre seule la crise des migrants, mais elle trouve plus facile de supplier les Français de l’aider. Cette attitude est dégoûtante et doit cesser.

Starmer, tout comme le reste de la gauche britannique, souffre d’une envie déplacée de la France depuis l’époque de François Mitterrand. Le parti travailliste (et le Blob plus généralement) ne peut pas voir une taxe française ou un projet public qu’il ne veut pas copier, et est aveugle aux effets secondaires destructeurs sur l’emploi, la mobilité sociale et la croissance. Les réglementations du marché du travail de Starmer sont un produit typique de cette francophilie à œillères, tout comme la dépendance de la gauche à l’égard de l’impôt sur la fortune. Ces derniers ont été un désastre en France, mais cela n’arrêtera pas les travaillistes.

Macron s’est magnifiquement joué de nos négociateurs inutiles après le Brexit et pendant la Covid, en nous menaçant et en nous intimidant. Au lieu de riposter, ce qu’aurait fait un pays qui se respecte, nous avons continué à tendre l’autre joue, et maintenant Starmer capitule sur tous les fronts, cédant la pêche et l’argent. La prochaine capitulation en matière de mobilité des « jeunes » sera particulièrement toxique : elle deviendra une source d’immigration de masse en catimini.

La convergence franco-britannique verra les deux parties adopter les pires idées et attitudes de l’autre. Prenons les grèves : les médecins résidents réclament une augmentation de salaire de 29 %, moins d’un an après avoir obtenu 22 %. La loi et l’ordre : notre système judiciaire est tellement débordé que les travaillistes pourraient suspendre les procès avec jury, une garantie typiquement britannique.

Prenons l’exemple de l’éducation : Macron a détruit les écoles publiques françaises, dont les classements s’effondrent sur les scores Pisa ; pour ne pas se laisser abattre, Starmer crucifie nos écoles privées, nos académies et nos écoles libres. Macron copie la Grande-Bretagne en ce qui concerne l’effondrement démographique : il y a aujourd’hui en France plus de personnes vivantes et vivant en France qui sont nées en 1946 que d’enfants nés en 2024. La nouvelle approche franco-britannique du « net zero », des impôts, des dépenses et de l’économie s’avère tout aussi toxique. La production automobile a chuté de 71 % en France entre 1999 et 2024 ; la Grande-Bretagne a subi un effondrement de 54 %.

Macron a accumulé des déficits massifs et une dette insoutenable. Starmer est sur le coup : l’OBR a averti que « l’ampleur et l’éventail des risques qui pèsent sur les perspectives budgétaires du Royaume-Uni restent redoutables ». La dette du Royaume-Uni a augmenté de 24 % du PIB au cours des 15 dernières années et de 60 % au cours des 20 dernières années. Le Royaume-Uni est aujourd’hui au sixième rang des pays les plus endettés, au cinquième rang des pays les plus déficitaires et au troisième rang des pays les plus endettés parmi les 36 économies avancées ; autrefois parangon de vertu, nous sommes aujourd’hui dans la ligue des horreurs de la France.

Depuis des années, la France lutte contre l’intégration des immigrés, la montée de l’islamisme et le fléau de l’antisémitisme. En dépit de ses propres problèmes, la Grande-Bretagne avait un meilleur bilan, mais nous sommes en train de suivre le chemin de la France. La part des immigrés dans la population de l’Angleterre et du Pays de Galles a atteint 16,8 %, contre 10,3 % en France.

Il y a des choses que nous pourrions apprendre de la France, mais nous ne le ferons pas. Son infrastructure n’est pas ce qu’elle était – les Français ne tarissent pas d’éloges sur le TGV – mais elle reste immensément meilleure. Le Royaume-Uni a construit 65 miles de nouvelles autoroutes depuis 2014, et 422 miles depuis 1990. Au cours de cette dernière période, les Français ont ajouté 3 057 miles.

Le système de santé gaulois s’est détérioré, mais reste supérieur au NHS. L’année dernière, le Royaume-Uni n’a mis en chantier que 132 000 nouveaux logements ; les Français sont en colère parce que leur propre construction de logements s’est effondrée à un peu moins de 300 000. Les Français possèdent 7 millions de logements de plus que nous : des millions de familles bénéficient de résidences secondaires qui sont rationnées en Grande-Bretagne.

Le déclin et la chute du Royaume-Uni et de la France, deux pays merveilleux dont le destin est inextricablement lié, est l’une des tragédies de notre époque. Je suis citoyen à la fois de la Grande-Bretagne et de la France, et je ressens donc la douleur de manière particulièrement profonde. Pour le bien de tous ceux qui se sentent concernés, espérons qu’il n’est pas déjà trop tard.

The Telegraph