Israël veut vous faire croire que les largages aériens et les camions d’aide symbolique résoudront la famine à Gaza. Ne les croyez pas. Ces mesures n’ont pas pour but de mettre fin à la faim, mais seulement d’étouffer l’indignation mondiale croissante alors que le génocide se poursuit sans contrôle.
Par Malak Hijazi

Récemment, plusieurs amis et collègues m’ont envoyé des messages concernant les protestations et l’indignation internationale face à la famine à Gaza. Ils m’ont dit : « Il y a eu une énorme poussée ». Les médias israéliens ont parlé de la pression mondiale croissante exercée sur Israël et de la dégradation de son image aux yeux du monde. Certains pays arabes et occidentaux ont même lancé l’idée d’un nouveau parachutage de l’aide, sans tenir compte de l’insécurité et de l’inefficacité de cette méthode.
Dans la nuit de samedi à dimanche 26 juillet, les chats Telegram où les habitants de Gaza discutent de l’actualité se sont emballés. Tout a commencé avec des officiers israéliens admettant que l’aide n’avait jamais été volée par le Hamas. Puis est venu le titre surréaliste : « Israël décide de laisser tomber l’aide, comme si le Hamas n’avait jamais volé l’aide » : Israël décide de laisser tomber l’aide, comme si ce n’était pas lui qui contrôlait tous les points de passage et toutes les frontières, comme si des camions n’avaient pas été empilés pendant des mois et qu’il refusait de les laisser entrer. Ils ont également déclaré des pauses humanitaires tactiques, notamment de 10 heures à 20 heures dans la ville de Gaza, à Deir al-Balah et à Muwasi, afin de créer des couloirs d’aide limités pour les convois de l’ONU. L’Égypte a annoncé qu’elle autoriserait des dizaines de camions transportant des tonnes d’aide humanitaire à passer par le point de passage de Karam Abu Salem (Kerem Shalom) dans le sud de la bande de Gaza.
Nous n’en avons pas cru nos yeux. Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a soudainement changé la position israélienne ?
Comment cela était-il possible alors que les mêmes personnes venaient d’annoncer qu’elles n’étaient plus intéressées par des négociations en vue d’un cessez-le-feu ?
Des images de colis alimentaires et de camions d’aide parachutés accompagnaient les nouvelles, ainsi que des déclarations remplies de chiffres et de réalisations. Des centaines de camions se seraient dirigés vers Gaza. L’aide semblait proche. Enfin, une action réelle. Nous étions pleins d’espoir. Après quatre mois de documentation et de discussions, il semblait que quelqu’un nous avait écoutés.
Pendant ce temps, de nombreuses blagues circulaient sur Internet : Israël aurait accepté de nous laisser manger avant d’achever le massacre. Malgré tout, une petite vague de soulagement est passée par là. Les parents auraient enfin quelque chose à offrir à leurs enfants, ne serait-ce que brièvement.
Mais sur le terrain, rien ne change. La crise n’a pris fin qu’à la une des journaux.

Dans les deux jours qui ont suivi l’annonce par Israël de la pause tactique, les forces israéliennes ont tué plus de 160 Palestiniens, dont des enfants. Les gens pensaient qu’ils pouvaient en profiter pour se déplacer, collecter de l’aide ou respirer, mais cela aussi est devenu un autre piège israélien. C’était un mensonge élaboré par Israël, amplifié par les médias occidentaux, déclaré à notre insu et jamais appliqué. Les bombardements n’ont jamais cessé. Le nombre de morts est resté aussi élevé. Certains gouvernements arabes se sont fait l’écho de ce discours mensonger, tandis que seule une poignée de camions d’aide entrait dans le pays – une grande partie de l’aide étant pillée avant d’atteindre la population. Les prix des denrées alimentaires ont atteint des niveaux insupportables.
En fait, aucune des méthodes actuelles de distribution de l’aide ne fonctionne. Les camions égyptiens sont souvent pillés avant d’atteindre les civils en raison de l’effondrement de l’ordre et de l’absence de passage sécurisé. Les forces israéliennes ont attaqué à plusieurs reprises des escortes de police et des civils attendant l’aide. L’aide acheminée par avion est minime, dispersée et profondément déshumanisante.
Les pauses humanitaires et les convois d’aide font l’objet d’un énorme battage médiatique, mais la réalité est bien pire. L’aide arrive au compte-gouttes, de manière irrégulière. Israël n’a autorisé que des quantités symboliques de fruits ou de marchandises, juste assez pour les photos, pas pour résoudre la crise.
Israël veut faire croire que la famine est compliquée, qu’elle échappe à son contrôle et qu’elle est pratiquement impossible à résoudre. Pourtant, il est possible d’améliorer la qualité de vie et de mettre fin à la crise rapidement et facilement en ouvrant simplement les points de passage et en autorisant l’entrée de l’aide, des médicaments et des biens commerciaux.
Il est frappant de voir comment ils essaient d’inventer d’autres méthodes, comme les largages aériens ou la Fondation humanitaire de Gaza. Mais il s’agit là de performances bien planifiées. Toutes deux partagent l’humiliation et véhiculent le message sous-jacent que l’aide n’atteindra pas tout le monde de la même manière. Ce sont des solutions qui ne sont pas censées résoudre le problème.
Lorsqu’un largage aérien a lieu à Gaza ou que des camions arrivent, c’est une véritable bataille qui s’engage. Les gens crient et se battent pour une boîte de haricots ou quelques grammes de sucre parce que ces produits n’existent tout simplement pas sur les marchés et que le montant de l’aide est faible par rapport aux besoins. Il s’agit d’une réaction naturelle après des mois de famine et de privation. On ne devrait pas s’attendre à un comportement organisé de la part de quelqu’un qui a été affamé pendant si longtemps. Mais cela nous divise. Il ébranle notre sens de la communauté, transformant la survie en compétition. Les habitants de Gaza ont toujours été généreux, mais Israël les a transformés en personnes qui se battent pour obtenir de la nourriture. Et tandis que les gros titres se concentrent sur l’aide et le chaos, Israël continue de commettre des crimes et d’exécuter tranquillement ses plans dans l’ombre, sans poser de questions.
Ne cessez pas de parler de la famine et du génocide. Ne laissez pas Israël et les pays arabes complices vous manipuler en vous faisant croire qu’ils ont fait des efforts ou une différence. La famine n’est pas terminée. Elle existe toujours. Et les massacres n’ont pas cessé depuis près de deux ans.