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Le compte rendu d’une réunion du cabinet montre comment Netanyahou a choisi de créer une famine à Gaza plutôt que d’obtenir la libération d’otages israéliens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (C) est rejoint par l’ambassadeur israélien aux États-Unis Yechiel « Michael » Leiter (G) et le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer et d’autres officiels pour une réunion avec le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth au Pentagone, le 9 juillet 2025, à Arlington, Virginie.Chip Somodevilla / Getty Images

Israël a décidé d’affamer la population de Gaza dans le cadre d’une stratégie de guerre et afin de saboter l’accord de cessez-le-feu, selon les minutes d’une réunion du cabinet israélien divulguées mercredi à la chaîne israélienne Channel 13.

Le document prétend montrer que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a refusé de multiples propositions qui auraient garanti la libération des captifs israéliens restants pendant le cessez-le-feu entre janvier et mars 2025. M. Netanyahou a décidé de rompre le cessez-le-feu, contre l’avis de hauts responsables de l’armée et de la sécurité israéliennes, et de couper toute aide à Gaza pour « forcer le Hamas à se rendre », selon la fuite.

La réunion du cabinet israélien, datée du 1er mars, avait pour but de discuter du sort du cessez-le-feu avec le Hamas, la première phase de l’accord étant sur le point d’expirer. La seconde phase du cessez-le-feu devait permettre d’entamer des pourparlers sur la fin définitive de la guerre. Les minutes publiées par Channel 13 montrent que les responsables de l’armée et des services de renseignement ont plaidé en faveur de la conclusion de l’accord de cessez-le-feu, tandis que les ministres s’y sont opposés.

Le major général Nitzan Alon, responsable des prisonniers et des personnes disparues au sein de l’armée israélienne, aurait affirmé que « la seule possibilité de libérer les captifs est de discuter des conditions de la phase 2 », tandis que Ronen Bar, chef de l’agence israélienne de renseignement intérieur (le Shabak), a déclaré que son « option préférée est d’aller de l’avant avec la phase 2 », affirmant qu’Israël pourrait « facilement » reprendre la guerre par la suite. « Ramenons d’abord tout le monde, puis reprenons le combat », aurait-il déclaré.

Le procès-verbal révèle également qu’un haut responsable de la sécurité israélienne a déclaré aux ministres qu’il était possible d’obtenir la libération d’un plus grand nombre de captifs, mais que cela nécessitait d’entamer des pourparlers sur la deuxième phase, c’est-à-dire la fin de la guerre. Le gouvernement, dirigé par M. Netanyahu, a toutefois rejeté la proposition. Il a été soutenu par le ministre israélien des affaires stratégiques, Ron Dermer, qui aurait déclaré qu’Israël n’était « pas prêt à mettre fin à la guerre tant que le Hamas reste au pouvoir ». Dermer, qui soutient la position dure de Netanyahou sur Gaza, a été nommé par le Premier ministre à la tête de l’équipe de négociation dans les pourparlers sur le cessez-le-feu.

Le ministre des finances Bezelel Smotrich a également soutenu le refus de M. Netanyahou. Il s’en est pris aux responsables de l’armée et des services de renseignement, insistant sur le fait qu’ils « trompaient le public » en lui faisant croire qu’Israël pouvait « arrêter la guerre et y revenir plus tard », ce que M. Smotrich a considéré comme de « l’ignorance ».

Pour sa part, le ministre israélien de la défense, Israël Katz, s’est prononcé en faveur d’un accord partiel, déclarant que « si le Hamas rend ne serait-ce qu’un certain nombre d’otages – moins de la moitié – c’est excellent ».

Le 18 mars, Israël a rompu le cessez-le-feu en lançant une vague de bombardements sur Gaza, tuant 400 Palestiniens, pour la plupart des civils, dans les premières minutes de l’assaut. Israël a également annoncé la fermeture complète des points de passage, provoquant une chute immédiate des marchandises disponibles dans la bande et empêchant l’entrée de l’aide humanitaire. La poursuite du blocus a provoqué la propagation d’une grave famine, que les agences de l’ONU ont qualifiée de famine. L’UNICEF a qualifié d‘ »inadmissible » la mort d’enfants palestiniens due à la famine.

Israël a également interrompu le travail des agences de l’ONU à Gaza, limitant la distribution du peu d’aide qu’il a commencé à autoriser depuis avril à la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). La GHF est l’organisation controversée soutenue par Israël et gérée par les États-Unis qui a remplacé l’ONU en mai et qui a obligé les Palestiniens à se rendre dans quatre centres de distribution dans le sud de la bande de Gaza pour collecter de l’aide. Ces centres ont été décrits comme des « pièges mortels   » qui utilisent l’aide comme un « appât » pour attirer les Palestiniens dans le sud de la bande de Gaza. Là, l’armée israélienne ouvre le feu sur les demandeurs d’aide, ce qui a donné lieu à de nombreux « massacres d’aide ». À l’heure où nous écrivons ces lignes, 1 561 personnes ont été tuées sur les sites du GHF ou alors qu’elles attendaient des camions d’aide dans le nord, selon le ministère de la santé de Gaza.

Selon le ministère de la santé, quelque 160 Palestiniens, dont 90 enfants, sont morts de malnutrition due à la famine.

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