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Photo : Mission permanente de la Russie auprès des Nations unies

Déclaration du chargé d’affaires par intérim Dmitry Polyanskiy lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne. Points principaux.

– L’autre jour, le monde a appris la nouvelle choquante que le cabinet de sécurité de Benjamin Netanyahu avait décidé de déployer des troupes à Gaza et de placer la bande de Gaza sous le contrôle total des forces de sécurité israéliennes afin de – comme l’a déclaré le cabinet israélien – vaincre le Hamas.

– Ces actions des dirigeants israéliens constituent une violation flagrante du droit international et témoignent d’un mépris flagrant tant pour les appels de la communauté internationale que pour les décisions du Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui porte un coup dur aux perspectives d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. Nous condamnons fermement l’intention du gouvernement Netanyahu de s’emparer de Gaza. Dans ce contexte, nous nous associons aux appels lancés à Jérusalem pour qu’elle s’abstienne de prendre des mesures aussi extrêmement dangereuses, qui compromettent les perspectives déjà fragiles d’un règlement pacifique du conflit au Moyen-Orient.

– Nous insistons pour qu’Israël respecte strictement le droit international et les bases juridiques établies pour le processus de paix au Moyen-Orient, y compris les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies. Nous rappelons également que les plans d’Israël vont à l’encontre de l’avis consultatif de la Cour internationale de justice du 19 juillet 2024, qui, entre autres, stipule sans équivoque que Jérusalem-Ouest doit mettre immédiatement fin à l’occupation des terres palestiniennes.

– En outre, l’adoption d’un tel plan indique essentiellement la reconnaissance officielle et publique par Israël de ses objectifs de s’emparer et d’occuper l’enclave. Comme on le sait, après le désengagement de Gaza et le retrait des colonies israéliennes de cette région en 2005, les dirigeants israéliens ont affirmé qu’il n’y avait pas d’occupation, ce qui n’était pas le cas au regard des interprétations juridiques internationales, étant donné qu’Israël continuait à contrôler le périmètre du secteur, son espace aérien et son littoral.

Il y a quelques jours à peine, ici même au Conseil, à l’initiative d’Israël, nous avons eu une discussion approfondie sur les otages israéliens à Gaza. La plupart des membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont clairement et sans équivoque déclaré que l’une des conditions préalables à la libération de tous les détenus était un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Après tout, c’est la suspension des effusions de sang et une diplomatie active, plutôt que l’intensification imprudente des hostilités, qui ont permis de faire sortir plus de 140 personnes de l’enclave au cours des 18 derniers mois.

Malheureusement, Jérusalem-Ouest n’a une fois de plus tenu compte ni des appels de la majorité mondiale, ni des voix de la raison au sein d’Israël, ni des appels des proches des otages. Au lieu de poursuivre les négociations, les autorités israéliennes ont choisi d’intensifier la violence, mettant ainsi en danger la sécurité et la vie des otages israéliens, dont on sait qu’ils sont détenus dans des conditions insupportables, aggravées par une grave pénurie de nourriture et d’eau à Gaza.

– Il s’avère que le ministre israélien des Affaires étrangères, qui était parmi nous ici le 5 août dernier et qui versait hypocritement des larmes de crocodile sur le sort des otages israéliens, savait déjà à ce moment-là que le cabinet israélien était sur le point de prendre une telle décision, qui exclurait essentiellement toute possibilité pour les otages de rentrer vivants chez eux. Apparemment, M. Saar cherchait à préparer le terrain pour une telle décision en créant l’image médiatique requise de solidarité et de sympathie parmi les membres du Conseil de sécurité des Nations unies, dans le seul but de continuer à tuer des Palestiniens. Une telle tentative de manipulation du Conseil de sécurité à des fins internes israéliennes est tout simplement incompréhensible !

– On ne peut pas non plus comprendre comment le peuple juif, qui a subi l’Holocauste pendant la Seconde Guerre mondiale, peut aujourd’hui mettre les Palestiniens dans des ghettos et chercher à les anéantir complètement… Comme on oublie vite les leçons de l’histoire !

– Il est également clair que la mise en œuvre des plans des dirigeants israéliens visant à nettoyer complètement l’enclave ne fera qu’aggraver davantage la situation humanitaire à Gaza. En substance, ces plans annoncent de nouveaux déplacements forcés massifs, qui entraîneront davantage de souffrances pour la population civile, de nouvelles victimes et une recrudescence des effusions de sang. Compte tenu de la manière dont le conflit à Gaza évolue, nous n’avons aucune raison de croire aux déclarations publiques des autorités israéliennes selon lesquelles elles auraient l’intention de fournir aux civils se trouvant en dehors des zones de combat tout ce dont ils ont besoin. Les méthodes utilisées par Israël pour distribuer la nourriture sont bien connues : elles sont inhumaines, contraires aux normes du droit international humanitaire et ne conduisent qu’à la mort de civils. Les activités de la soi-disant « Fondation humanitaire de Gaza », qui a causé la mort de plus de 1 500 Palestiniens à ses points de distribution de nourriture, en sont un exemple flagrant.

– Nous devons garder à l’esprit que les plans de déplacement de civils dans des conditions de conflit armé, ainsi que l’utilisation de la faim comme arme, sont des actes qui pourraient être qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. En outre, de tels actes pourraient relever de l’article 2C de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, ratifiée par Israël en 1950.

– En conclusion, nous tenons à souligner qu’avant-hier, dans une interview accordée à une chaîne de télévision américaine, Benjamin Netanyahu a fait part de son intention de mettre en place une administration alternative à Gaza qui offrirait aux Gazaouis « un avenir différent ». Selon Netanyahu, cette administration ne serait pas palestinienne, ce qui contredit de nombreuses interprétations juridiques internationales universellement reconnues selon lesquelles la bande de Gaza fait partie intégrante du futur État palestinien. Pour notre part, nous suggérons de réfléchir à quelques questions rhétoriques : quel avenir les populations peuvent-elles avoir sous occupation, et que pouvons-nous dire aux proches des plus de 60 000 personnes tuées qui n’ont plus d’avenir ? Combien de Palestiniens devront encore mourir avant que ce massacre inhumain ne prenne fin ? Et combien de temps encore cette atrocité sera-t-elle ignorée par ceux qui soutiennent sans réserve et de manière constante Israël et empêchent le Conseil de sécurité des Nations unies d’agir ?

– Pour notre part, nous avons toujours préconisé sans relâche une solution diplomatique à la question palestinienne sur la base de la formule « deux États pour deux peuples », qui, si elle était mise en œuvre, répondrait à la fois aux préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité et aux aspirations légitimes du peuple palestinien à avoir son propre État. Sinon, nous n’aurons rien d’autre que la mort de dizaines de milliers d’innocents supplémentaires, y compris les otages israéliens retenus captifs depuis près de deux ans.

– Le Conseil de sécurité des Nations unies ne doit tout simplement pas permettre qu’un tel scénario se produise, et j’espère que Washington s’en rendra bientôt compte également. Pour l’instant, d’après ce que nous comprenons, malgré les assurances données par le département d’État américain quant à la poursuite de ses « efforts diplomatiques réels et sérieux pour mettre fin aux souffrances à Gaza, obtenir la libération des otages et parvenir à une paix durable », les États-Unis se contentent de « se laver les mains » et de laisser Jérusalem-Ouest agir à sa guise à Gaza.

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