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Par François Valentin

Macron a eu du mal à trouver la bonne note sur Gaza. Crédit : Getty

Le président français Emmanuel Macron a positionné son pays à l’avant-garde d’une nouvelle poussée diplomatique sur le conflit israélo-palestinien, en annonçant en juillet que Paris reconnaîtrait officiellement l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale de l’ONU plus tard dans l’année. S’appuyant sur cet élan, M. Macron a condamné cette semaine le plan d’Israël visant à s’emparer de la ville de Gaza et a appelé à la création d’une mission de maintien de la paix mandatée par l’ONU afin de stabiliser le territoire et de jeter les bases d’un règlement politique.

La situation à Gaza est plus critique que jamais. Selon les autorités sanitaires de Gaza, affiliées au Hamas, plus de 60 000 Palestiniens ont été tués et la région souffre de malnutrition aiguë. Face à ces enjeux, la France et l’Arabie saoudite ont discrètement travaillé avec l’Autorité palestinienne pour trouver une solution diplomatique. Cette initiative était en préparation depuis des mois, avec une annonce initialement prévue pour la fin du mois de juin, jusqu’à ce que les frappes israéliennes sur l’Iran ne viennent bouleverser le calendrier. La déclaration finale stipule qu' »après le cessez-le-feu, un comité administratif transitoire doit être immédiatement mis en place pour opérer à Gaza sous l’égide de l’Autorité palestinienne ». Elle appelle également à la libération des otages et dénonce les actes de terrorisme.

Comme nombre de ses prédécesseurs, M. Macron a eu du mal à trouver la bonne note sur la question de Gaza. Après 1945, la France a été l’un des partenaires les plus fidèles d’Israël, rejoignant même la Grande-Bretagne dans l’opération bâclée du canal de Suez en 1956. Mais dans les années soixante, la France postcoloniale ne partageait plus avec Israël l’ennemi commun qu’était le nationalisme arabe, et elle s’est faite la championne de sa politique arabe. Pendant des décennies, la position officielle de la France a été de soutenir une solution à deux États, sans toutefois reconnaître formellement un État palestinien.

Mais la politique internationale n’est jamais loin de la politique intérieure. La brutalité de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a rappelé à une grande partie de la population française les souvenirs glaçants de l’attentat du Bataclan en 2015. Elle a conduit Macron à appeler à la création d’une coalition anti-Hamas sur le modèle de celle qui a paralysé Isis en Syrie et en Irak. Cependant, après plusieurs mois de combats intenses au Moyen-Orient, son ton a changé et il a commencé à plaider pour un boycott des ventes d’armes à Israël.

Les hésitations de M. Macron reflètent le clivage politique en France. Marine Le Pen a maintenu une position ferme, soulignant le lien entre le « fondamentalisme islamiste » en France et le Hamas, tout en s’alignant sur le mouvement pro-israélien plus large des partis nationalistes européens. À gauche, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon a propulsé la Franco-Palestinienne Rima Hassan, relativement inconnue, sous les feux de la rampe pour sa condamnation ferme d’Israël. L’opinion publique reste divisée : 22 % sont favorables à la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien, 47 % souhaitent une reconnaissance conditionnée à la libération des otages et 31 % s’opposent à toute reconnaissance.

Sans majorité parlementaire et dans l’impasse législative, l’attention de Macron se tourne naturellement vers la mission exclusive de tout président français : les affaires internationales. Après huit ans de mandat, il lui manque un succès diplomatique incontestable. Malgré les chuchotements de Trump, les réunions interminables avec Vladimir Poutine, les efforts pour rapprocher les relations avec l’Algérie et l’implication dans la reconstruction du Liban, il n’a pas grand-chose à montrer pour son passage au pouvoir. Alors que les présidents russe et américain se rencontrent demain pour décider du sort de l’Ukraine, M. Macron et ses homologues européens ne peuvent qu’assister, impuissants, à la scène.

Les exemples cités ci-dessus étaient des tentatives bien intentionnées mais audacieuses pour sortir des impasses diplomatiques et politiques. Ils valaient peut-être tous la peine d’être tentés, mais n’ont finalement pas donné grand-chose. Malheureusement, les efforts de Macron sur la Palestine risquent de connaître le même sort.

François Valentin est analyste politique et co-animateur du podcast Uncommon Decency.

Unherd