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Michael McDowell
L’Occident doit veiller à fournir des garanties de sécurité à toute épreuve à Zelenskiy et à son pays en proie à des troubles.

Soyons brutalement honnêtes au sujet des événements récents. Donald Trump est – et se comporte comme – un ignorant imprévisible et égoïste. Il est constamment entouré d’un groupe de flagorneurs – qu’ils soient nationaux ou internationaux – pour l’empêcher de faire un accident.
Pour résumer, il a déclaré solennellement qu’en l’absence d’un cessez-le-feu immédiat, la Russie de Vladimir Poutine ferait elle-même l’objet de sanctions sévères. Il a menacé l’Inde de sanctions si elle continuait à acheter du pétrole russe. Il a déclaré qu’il devait y avoir un cessez-le-feu avant toute négociation digne de ce nom. Tout cela pour montrer qu’il tenait tête à Poutine. Tout cela n’est qu’un faux-semblant.
Il a déroulé le tapis rouge en Alaska pour Poutine et, quelques heures plus tard, a retiré publiquement toute demande de cessez-le-feu. Poutine a été libéré pour poursuivre son barrage meurtrier contre des cibles civiles ukrainiennes. Mais la réunion a été qualifiée de « productive ». Le langage corporel était très amical. Étrangement, c’est maintenant au président ukrainien Volodymyr Zelenskiy qu’il revient de conclure un accord avec Poutine. Cet accord impliquerait un « échange de territoires ». La guerre, apparemment, pouvait continuer jusqu’à ce que Zelenskiy offre à Poutine des portions non spécifiées du territoire souverain de l’Ukraine.
M. Trump a déclaré à Sean Hannity, animateur de Fox News, que M. Poutine et lui avaient discuté d’échanges de territoires et de garanties de sécurité pour l’Ukraine et qu’ils s’étaient « largement mis d’accord ».
Il a invité Zelenskiy à Washington pour exposer ces nouvelles positions américaines. Craignant collectivement que Trump ne soit sur le point d’imposer à l’Ukraine une paix conçue par Poutine, les alliés européens de Zelenskiy se sont lancés dans une diplomatie fiévreuse et dans la formulation de déclarations. Ils ont insisté sur le fait que l’Ukraine devait être partie prenante à toute négociation menant à un accord mettant fin à la guerre meurtrière de Poutine.
Finalement, les dirigeants européens ont eu l’idée d’accompagner physiquement Zelenskiy à la Maison Blanche pour éviter que ne se répète la honteuse et lâche mise à mal du Bureau Ovale à laquelle il avait été soumis par Trump et JD Vance quelques mois plus tôt.
Il en a résulté un dialogue nerveux et artificiel avec les médias, au cours duquel les Européens et Zelenskiy se sont tous livrés à des hochements de tête flagorneurs et ont présenté tous leurs commentaires comme des approbations d’éléments soigneusement choisis des opinions changeantes de Trump. La scène ressemblait vaguement à celle de courtisans médiévaux aux prises avec un roi imprévisible et irascible. Elle devait se dérouler sans la moindre trace de désaccord, quel qu’il soit.
Aujourd’hui, Trump a apparemment opté pour un processus selon lequel Poutine et Zelenskiy doivent se rencontrer sur une base bilatérale – vraisemblablement sans cessez-le-feu préalable – et échanger des demandes incompatibles. Cela se fera en l’absence de l’idiot-roi.
Ensuite, il devrait y avoir ce que Trump appelle un « trilat » – une réunion qui pourrait mettre fin à la guerre, Trump se préparant à accepter le prix Nobel de la paix pour lequel il a déjà été nommé par le grand pacifiste international, Binyamin Netanyahou. Tel semble être le « deal » dans l’esprit de Trump.
Franchement, tout ceci n’est qu’une mascarade malsaine. La Constitution interdit à M. Zelenskiy d’accepter un échange de territoires ou une cession du territoire ukrainien. Il ne peut pas le faire. Tout au plus pourrait-il accepter de soumettre un accord de paix au peuple ukrainien par le biais d’un référendum ou d’un plébiscite.
L’Ukraine ne peut pas accepter les demandes russes d’abandonner la partie de Donetsk qu’elle tient toujours et qu’elle a fortement fortifiée comme rempart défensif contre une nouvelle agression russe. Zelenskiy ne peut pas non plus exiger de manière crédible que son armée continue à défendre courageusement ces terres contre l’assaut meurtrier russe en cours s’ils sentent que leurs sacrifices seront jetés à la poubelle à une table de conférence présidée par Trump. Toute négociation dans ce sens ne ferait que détruire le président ukrainien, dont on peut éminemment se passer.
Pour sa part, M. Zelenskiy doit se rendre à l’évidence : l’Ukraine n’a ni les ressources, ni les capacités, ni les alliés nécessaires pour reconquérir les territoires dont la Russie s’est emparée. La Crimée ne reviendra pas sous contrôle ukrainien. La Crimée, fenêtre de la Russie sur la mer Noire, était un territoire russe jusqu’en 1954, date à laquelle elle a été attribuée à la République socialiste soviétique d’Ukraine pour des raisons de commodité politique purement interne à l’URSS.
Tout dépend maintenant de l’étendue, de la profondeur et de la crédibilité des garanties de sécurité que l’Occident peut fournir à l’Ukraine si un accord est conclu sur la base de la ligne de cessez-le-feu potentielle actuelle.
Poutine calcule probablement qu’il pourrait conclure un accord qui permettrait au Kremlin de manipuler la politique démocratique et les élections ukrainiennes à l’avenir, comme il l’a fait dans le passé. Il s’est également ingéré de la même manière dans des pays tels que la Moldavie et la Roumanie. Même si l’Ukraine ne rejoindra pas l’OTAN, l’Occident lui doit des garanties de sécurité similaires à l’article 5 du traité de l’OTAN et les armes nécessaires pour se défendre. L’UE doit être prête à accorder à l’Ukraine le statut de membre de l’Espace économique européen dès que possible.
On ne peut tout simplement pas faire confiance à Trump. Il méprise Zelenskiy et est sous l’emprise de Poutine. Le sommet de Washington avait toute la substance d’une partie de charades de fin de soirée à la cour du roi Donald.