Étiquettes

, , , ,

L’armée israélienne a éliminé environ 9 000 militants du Hamas et du Jihad islamique, selon un chiffre d’une base de données officielle, révèle une enquête.

Vincent Braun

FILE - In this July 29, 2014 file photo, smoke and fire from an Israeli strike rise over Gaza City. Israel launches a pre-emptive assault on an upcoming U.N. report into last year's war in the Gaza Strip, saying it is hopelessly biased and issuing its own report that places the blame for heavy civilian casualties on Gaza’s Hamas militant rulers. The diplomatic offensive sets the stage for what is expected to be a contentious showdown with U.N. officials over allegations that Israel committed war crimes during the 50-day war. (AP Photo/Hatem Moussa, File)
Bombardement sur Gaza City, le 29 juillet dernier. ©AP

Ce sont vraisemblablement les chiffres les plus précis et fiables des victimes de la guerre à Gaza publiés depuis le début des événements, il y a près de deux ans. L’armée israélienne estimait avoir tué 8 900 militants du Hamas et du Jihad islamique palestinien (Jip), en mai dernier. Dans la mesure où le bilan total s’élevait à 53 000 morts dans la bande de Gaza à ce moment-là, cela signifie que la proportion de combattants tués par Israël atteint à peine 17 % du bilan total.

En conséquence, au moins 83 % des Palestiniens décédés dans les bombardements et combats depuis le 7-Octobre 2023 et jusqu’à il y a trois mois, sont des civils. Par ailleurs, l’Onu a déclaré officiellement jeudi l’état de famine dans le territoire palestinien, ce qui pourrait accroître le nombre de victimes au sein de la population civile gazaouie.

Ce bilan des militants tués -qui va à l’encontre des chiffres régulièrement déclarés par Israël estimant leur nombre jusqu’à 20 000- émane d’une enquête publiée jeudi et réalisée conjointement par le quotidien anglaisThe Guardian, le magazine en ligne + 972(réunissant des journalistes palestiniens et israéliens) et le site de journalisme citoyen israélien Local Call.

Liste officielle et classifiée

Pour établir ce constat, les auteurs de l’enquête s’appuient sur une base de données officielle et classifiée que le renseignement militaire israélien (dénommé Aman) utilise pour identifier et dénombrer les militants des deux groupes armés palestiniens tués par les forces armées. Cette liste de membres obtenue par ces médias totalise 47 653 noms de Palestiniens qu’Aman considère comme actifs au sein des ailes militaires du Hamas (34 973 membres) et du Jihad islamique (12 702). Sur les 8 900 combattants qu’Israël estime avoir éliminés au total, la mort de 7330 d’entre eux est enregistrée comme « certaine » et celle de 1570 autres comme « probable ». Ainsi, selon que ces derniers soient comptés ou non dans le bilan total, la proportion de civils palestiniens tués dans les opérations israéliennes évolue donc entre 83 et 86 %.

Ce bilan suggère aussi que, si Israël a mis hors d’état de nuire environ 9 000 combattants du Hamas et du Jihad islamique militants, il en demeure quelque 38 000 autres… Et ce, bien que le nombre total de militants tués soit probablement plus élevé que le nombre enregistré dans la base de données interne, d’après des sources du renseignement. En effet, ce nombre n’inclut pas les membres du Hamas ou du Jip qui ont été tués mais n’ont pas pu être identifiés par leur nom, ni les Gazaouis qui ont pris part aux combats mais n’étaient pas officiellement membres de ces groupes, ni les personnalités politiques du Hamas telles que les maires et les ministres du gouvernement qu’Israël considère également comme des cibles légitimes, en violation du droit international.

Chiffres « montagne russes »

Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les déclarations des autorités s’agissant du nombre de combattants palestiniens éliminés ressemblent depuis le début de la guerre à des « montagnes russes ». En novembre 2023, un mois après le début des hostilités, un responsable sécuritaire parlait de 10 000 militants tués, un chiffre retombé à 7860 le mois suivant dans une évaluation militaire officielle. Le chiffre a ensuite poursuivi ses mouvements de « yoyo » en 2024, passant de 13 000 en février (selon l’armée) à 17 000 en août, puis à 14 000 en octobre, et « proche de 20 000 » selon Benjamin Netanyahou, le mois suivant… En juin dernier, un centre d’étude (marqué à droite) citait le chiffre de 23 000 combattants palestiniens tués, d’après des sources militaires.

Si Israël reconnaît l’existence de la base de données utilisée dans l’enquête, il en conteste le chiffre avancé, l’estimant « incorrect ». Pourtant, d’après des sources interrogées par les auteurs au sein du renseignement, ce répertoire est la seule base de données à faire autorité pour identifier les combattants tués.

La Libre