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« La Libre » s’associe à une mobilisation médiatique rassemblant plus de 150 médias pour dénoncer les meurtres des reporters palestiniens et demander l’accès de la presse internationale à l’enclave palestinienne.

Vincent Braun

"Stop killing journalists" action organized by AJP, VVJ, FEJ, IFJ, SDJ-RTBF, the Palestinian Journalists' Union and API to show their solidarity with Palestinian journalists and condemn the assassinations committed by the Israeli government, in Brussels, on Tuesday 26 August 2025. A public reading of the names of the 212 journalists killed in Gaza will pay tribute to their courage, denounce their assassination and call for justice. BELGA PHOTO JAMES ARTHUR GEKIERE
Des actions dénonçant l’assassinat de journalistes à Gaza ont lieu partout, comme ici à Bruxelles, le 26 août. ©Belgaimage

Ce mois d’août, onze journalistes sont morts dans la bande de Gaza, en l’espace de quinze jours et en trois « frappes » armées opérées par Israël. Le 25 août, il y a tout juste une semaine, deux obus d’artillerie explosaient en percutant un bâtiment du complexe hospitalier Al Nasser, dans le centre de Gaza. Vingt personnes, parmi lesquelles cinq journalistes, ont été tuées dans ce qui était connu comme un lieu de travail pour la presse. Tous et toutes collaboraient à des médias locaux et internationaux, comme les agences de presse Reuters et Associated Press.

Si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou plaide l' »accident tragique« , ce n’est pas le cas pour les six journalistes tués quinze jours plus tôt dans leur tente montée devant l’hôpital Al Shifa à Gaza. Israël déclare avoir visé l’un d’eux, Anas Jamal al Charif, un correspondant d’Al Jazeera qu’il accusait de diriger une « cellule terroriste » du Hamas, assumant la mort de celui-ci et de cinq de ses collègues. Reporters sans frontières (RSF) avait encore exhorté l’État hébreu à « mettre fin de toute urgence à ce massacre et à la stratégie de black-out médiatique, destinée à masquer les crimes commis par son armée » durant ce conflit.

150 médias dénoncent

Au total, depuis près de 23 mois, l’armée israélienne a tué plus de 210 professionnels des médias et autres journalistes citoyens. Autant de Palestiniens ayant choisi de témoigner de cette guerre, que la presse internationale n’est toujours pas autorisée à couvrir. La Libre a donc décidé de s’associer à plus de 150 médias d’une cinquantaine de pays dans le monde pour dénoncer les crimes perpétrés par l’armée israélienne contre les journalistes et appeler à leur protection impérative. L’action de ce 1er septembre, coordonnée par RSF et le mouvement citoyen Avaaz, exige aussi un accès indépendant de la presse au territoire gazaoui.

Puisqu’il faut bien frapper les esprits, les onze journalistes tués en août, cela représente deux de plus que la moyenne mensuelle au cours des 23 mois de cette guerre qui ravage tout, les corps, les immeubles, les terres, les esprits et les consciences. Une guerre « juste » au départ, mais devenue « une tuerie insensée dont tout objectif rationnel, et toute humanité, sont manifestement absents », comme l’a écrit l’ex-ambassadeur d’Israël, Elie Barnavi, dans un texte mémorable publié dans la revue Regards. Sans but rationnel sinon, désormais, celui de rendre la bande de Gaza invivable et de contraindre sa population à l’exil volontaire ou forcé. La situation de famine déclarée à Gaza le 22 août par l’Onu pourrait d’ailleurs accélérer ce scénario.

Des enfants et d’autres civils

Outre les journalistes, d’autres communautés comme celles des soignants et des travailleurs humanitaires paient aussi un lourd tribut au conflit opposant Israël au Hamas. Depuis le 7 octobre, celui-ci a tué au total plus de 1900 Israéliens, dont un millier de civils (30 enfants), et plus de 62 000 Palestiniens, dont plus de 50 000 civils (18 000 enfants), selon les données des autorités respectives et une enquête publiée le 21 août par le quotidien britannique The Guardian et le magazine + 972. Une cinquantaine d’Israéliens, dont trente sont morts, sont toujours retenus en otage quelque part dans le territoire palestinien.

La Libre