Étiquettes

Par Elijah J. Magnier
Depuis le 7 octobre 2023, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu poursuit une doctrine de « paix par la force militaire ». La semaine dernière, cette doctrine a atteint de nouveaux extrêmes avec le bombardement d’une réunion de dirigeants du Hamas dans la capitale du Qatar, Doha. Il ne s’agissait pas seulement d’une tentative d’assassinat, mais d’un acte de guerre perpétré sur le sol d’un allié des États-Unis, sous les yeux de la plus grande base aérienne américaine du Moyen-Orient. Les implications dépassent largement Gaza ou Doha : il s’agit d’un tournant dans la vision du « Grand Israël » de Netanyahu, d’une démonstration d’impunité sous la protection de Washington, et d’un avertissement pour les dirigeants arabes qui croyaient que la protection américaine constituait une garantie.
La base aérienne d’Al Udeid au Qatar — la plus grande installation américaine du Moyen-Orient — était censée représenter un bouclier de sécurité. La frappe de Doha l’a révélée comme un mirage. À maintes reprises, les assurances américaines se sont avérées creuses.
En 1982, des envoyés américains avaient promis à Beyrouth que les forces israéliennes n’entreraient pas dans la ville et que les camps palestiniens seraient protégés. Quelques jours plus tard, des milices soutenues par Israël perpétraient le massacre de Sabra et Chatila sous les yeux de l’armée israélienne, tandis que les « garanties » américaines s’évaporaient dans le silence.
Quatre décennies plus tard, le schéma s’est répété. En septembre 2024, l’administration Biden avait juré qu’Israël ne bombarderait pas Beyrouth. Quelques semaines plus tard, Sayyed Hassan Nasrallah était assassiné et des missiles israéliens s’abattaient sur la capitale. Ce qui avait été présenté comme de la retenue fut révélé comme du théâtre.
Il y a seulement quelques mois, alors que des responsables américains assuraient Téhéran qu’ils étaient prêts à entamer des négociations nucléaires à Oman, les plans de guerre étaient déjà en marche. La campagne israélienne de douze jours contre l’Iran débuta à la veille de ces supposées négociations. La diplomatie fut agitée comme un leurre tandis que l’horloge de la frappe tournait déjà.
L’épisode de Doha suit le même scénario. Vingt-quatre heures avant que les avions israéliens ne frappent la réunion du Hamas, Donald Trump annonçait l’envoi d’une proposition de paix au mouvement pour discussion. Quelques heures plus tard, alors que le document était débattu, les bombes tombaient. Le calendrier suggère non pas une coïncidence mais une orchestration : l’initiative de Trump servait d’appât, la réunion était la cible.
….