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Par Philip Giraldi

Il serait intéressant de revenir rétrospectivement sur la semaine qui a débuté le 23 septembre par le discours du président Donald Trump devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, dans lequel il a déclaré que « vos pays vont droit en enfer », suivi le 26 par le boycott du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a vu les délégués de l’ONU quitter la salle, avant que Netanyahu ne se rende à la Maison Blanche pour réviser le plan Trump pour Gaza. La semaine s’est terminée par la réunion entre Trump et le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth à Quantico avec les officiers généraux américains. Sans avoir de préjugés particuliers à l’égard de Trump ou de Netanyahu, on pourrait bien en conclure que ces jours-là constituent le pire que le gouvernement américain ait à offrir au peuple américain et au monde en général.

Le point le plus lamentable de la semaine a sans doute été cette supplique pathétique de Trump pour obtenir le prix Nobel de la paix, alors que lui-même et Hegseth préparaient le terrain pour un changement de régime par des interventions militaires au Venezuela et en Iran, tout en intensifiant les tensions avec la Russie et en laissant le criminel de guerre Netanyahu agir à sa guise avec les Palestiniens. Les médias font état de la livraison imminente de nouveaux missiles américains aux États membres de l’OTAN, ainsi que l’envoi de ravitailleurs aériens américains depuis les bases américaines vers le Moyen-Orient, à l’instar des préparatifs effectués en juin pour attaquer l’Iran. Envisagerait-on encore de nouvelles guerres ?

Lundi, à l’occasion de la publication de sa proposition de cessez-le-feu pour Gaza, Trump s’est enthousiasmé “C’est un grand, grand jour, un jour magnifique, potentiellement l’un des plus grands jours de l’histoire de la civilisation”. Il a ajouté que cet accord mettra fin à des problèmes millénaires et apportera “une paix éternelle”. Il a ensuite tempéré son enthousiasme en rejetant, comme à son habitude, la responsabilité sur les Arabes, en cas d’échec du plan, déclarant que “si le Hamas rejette l’accord, Bibi, tu auras mon soutien total pour faire ce que tu as à faire” afin d’“en finir” à Gaza. Il a ajouté que “le Hamas va soit accepter, soit refuser, et s’il refuse, cela se terminera très mal”.

Personne ne s’étonnera que Netanyahu ait été autorisé à apporter sa dernière touche au projet de plan/proposition de Trump pour Gaza, que plusieurs États arabes ont accepté de soutenir dans sa version initiale en 21 points. Ces modifications “significatives” ont été apportées dimanche, à l’issue d’une réunion entre le négociateur en chef et investisseur immobilier américain, propriétaire foncier et fondateur du Witkoff Group Steve Witkoff, son collègue Jared Kushner et le négociateur en chef de Netanyahu, le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer. Le texte avait déjà concédé à Israël un corridor “de sécurité” autour de Gaza, rappelant la situation “concentrationnaire” des Gazaouis avant le 7 octobre, ainsi que d’autres modifications, donnant carte blanche à Israël pour poursuivre le massacre, quelle que soit l’issue des événements.

Les principaux ajustements exigés par Netanyahu ont porté sur deux des questions les plus sensibles des négociations : le désarmement effectif du Hamas et le rythme ainsi que la nature du retrait physique de l’armée israélienne de Gaza. La question d’un futur État palestinien a été ignorée. La nouvelle proposition conditionne le retrait effectif d’Israël du territoire à la “démilitarisation” de Gaza et au déploiement d’une force internationale armée de maintien de la paix/de police, processus qui s’avère hautement subjectif sur ces deux points. Dans le texte révisé actuellement préconisé par Trump, Israël “se retirera sur la base de critères, d’étapes et de délais liés à la démilitarisation qui seront convenus entre l’armée israélienne, la Force internationale de sécurité, les garants et les États-Unis”.

Le texte original stipulait seulement qu’Israël “céderait progressivement le territoire de Gaza qu’il occupe”. La proposition révisée offre plutôt à Israël la possibilité d’occuper la zone de “sécurité” qui entoure et même empiète sur la bande de Gaza jusqu’à ce que celle-ci soit “correctement protégée contre toute menace terroriste potentielle”. Cette définition plus que floue pourra être utilisée pour prolonger, voire saboter, le processus.

Netanyahu a clairement fait savoir qu’il ne tolérera pas la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël. Il considère en effet les étapes menant à la disparition de toute entité politique palestinienne comme une course de fond plutôt qu’un sprint, notamment lorsqu’il s’adresse en hébreu à un public israélien. Dans une allocution télévisée dimanche soir, il a déclaré “Désormais, le monde entier, y compris le monde arabe et musulman, fait pression sur le Hamas pour qu’il accepte les conditions élaborées avec Trump afin de ramener tous les otages, vivants ou morts, tandis que l’armée israélienne restera dans la bande de Gaza”.

Le Hamas a clairement exprimé sa volonté de libérer tous les prisonniers israéliens restants en échange du retrait total d’Israël de Gaza, même s’il sait qu’il se priverait alors de tout moyen de pression sur le gouvernement de Netanyahu. Il a également déclaré qu’il ne désarmera pas tant qu’un véritable État palestinien ou une force d’occupation palestinienne susceptible de le remplacer n’aura pas été créé. Le Hamas est également pleinement conscient que la décision d’exterminer tous les Palestiniens est toujours d’actualité. Le 1er octobre, Israël a ordonné à tous les Palestiniens restés sur place de quitter la ville de Gaza, déclarant que toute personne refusant de partir sera considérée comme un “terroriste” et risque donc d’être tuée, y compris les civils. Le ministre de la Défense, Israel Katz, a déclaré “Ceux qui restent dans la ville de Gaza seront considérés comme des terroristes et des partisans du terrorisme”.

Le Hamas a demandé des éclaircissements sur la proposition révisée en vingt points, compte tenu des modifications apportées par Israël, et pourrait encore accepter le nouveau texte, même si de nombreux observateurs en doutent. Le mouvement a notamment exigé “qu’une distinction soit faite entre les armes offensives et défensives, ces dernières étant protégées par le droit international”, et insiste également sur “l’arrêt total des hostilités et le retrait définitif des forces israéliennes de la bande de Gaza”. Le mouvement palestinien attend également un calendrier précis du retrait israélien de Gaza et exige que le comité qui dirigera la bande de Gaza soit palestinien, et non international.

Dans tous les cas, Israël et Washington n’hésiteront pas à ressortir les mensonges habituels sur les Palestiniens et le “terrorisme” pour justifier les actions d’Israël. Quoi qu’il en soit, ces actions seront entièrement financées, armées et politiquement cautionnées par Trump. Il est clair que si Trump et Netanyahou avaient été sincères dans leur intention de se désengager de Gaza, Israël aurait pu faciliter le processus en interrompant ses bombardements, ses tirs d’artillerie et ses tirs sur les Palestiniens pendant un jour ou deux, le temps que la proposition soit examinée par le Hamas. Or, depuis que le plan de cessez-le-feu a été proposé, des centaines de Gazaouis, principalement des femmes et des enfants, ont été assassinés par Israël, et des centaines d’autres sont morts de faim. Ce n’est pas vraiment bon signe, d’autant qu’Israël a rompu tous les cessez-le-feu et accords de paix conclus au cours de l’année écoulée à Gaza, au Liban et en Syrie, tout en tuant toujours plus de Palestiniens en Cisjordanie. Les États-Unis, qui se portent souvent garants de ces accords, n’ont jamais demandé à Israël de rendre des comptes pour ses agissements. L’État hébreu a également emprisonné plus de 10 000 Palestiniens dans des conditions particulièrement barbares, sans la moindre accusation, et tout espoir de paix semble désormais compromis.

Et puisqu’on parle plan de paix, que penser du dispositif de cessez-le-feu supervisé et garanti par des personnalités telles que Trump, en tant que “président” du “New Gaza Board of Peace” [Nouveau Conseil de paix de Gaza], avec Tony Blair comme associé pour “superviser la transition à Gaza” ? Ils seront sans aucun doute aidés par le gendre de Trump, Jared Kushner, qui n’a jamais boudé une occasion de promouvoir la destruction de Gaza, ainsi que la reconstruction et le réaménagement de ses terres par des non-Palestiniens, afin de permettre la construction du complexe hôtelier Trump Riviera.

Les apparitions de Trump et de Netanyahu lors de l’ouverture de la session de l’ONU ont été en partie consacrées à la proposition de cessez-le-feu tant attendue, mais elles ont également été marquées par un discours autocentré et déplacé de Trump, ainsi que par les mensonges agressifs de Netanyahu devant une salle presque vide, après que presque tous les délégués l’ont désertée.

Mis à part la loyauté de Trump envers Israël, son voyage à Quantico pour s’adresser aux officiers de l’armée américaine a peut-être été encore plus étrange que sa prestation à l’ONU et ses conséquences. Celui qui a échappé à la conscription pendant la guerre du Vietnam se prend pour un dur à cuire, agitant constamment son petit poing et menaçant d’emprisonner quiconque l’offense, de quelque façon que ce soit. Il se distingue par son agressivité envers ses détracteurs et ses propres collaborateurs, ainsi que par son mépris pour l’armée dont il a hérité, qu’il qualifie de “woke” et dépourvue de “volonté de victoire”. Il a ainsi rebaptisé le ministère de la Défense “ministère de la Guerre”, et exige le retour de “l’éthique guerrière”, convaincu que la rage des troupes et de leurs chefs permet d’infliger une “létalité maximale”. Ces initiatives sont proposées alors que, sous la présidence de Trump, les États-Unis ne sont menacés par aucune puissance étrangère et que toutes les guerres actuellement en cours sont menées par les États-Unis sans raison valable en matière de sécurité nationale. Alors qu’il quittait la Maison Blanche pour rejoindre l’hélicoptère qui devait l’emmener à Quantico, il a déclaré ironiquement que s’ils n’apprécient pas son message, il “les licenciera sur-le-champ”.

Le secrétaire à la Guerre, John P. Hegseth, en a remis une couche en déclarant : “Pour assurer la paix, nous devons nous préparer à la guerre”, tout en déplorant que trop d’officiers supérieurs sont en surpoids et en mauvaise forme physique. Il a appelé à prendre des mesures pour les inciter à faire de l’exercice physique et à se remettre en forme afin d’être en mesure de mener leurs troupes au combat. La tirade ultérieure de Trump a également suscité beaucoup de froncements de sourcils parmi les 800 officiers supérieurs au visage impassible et silencieux, dont la plupart se demandaient ce qu’ils faisaient là. Pour qui connait la Constitution américaine et la loi Posse Comitatus, voir la Maison Blanche déployer des soldats dans les villes américaines dans le cadre d’exercices d’entraînement destinés à mettre au pas les administrateurs municipaux et étatiques, tout en apprenant aux troupes armées à faire ce qu’il faut pour rétablir l’ordre, est si outré que cela défie l’entendement. Le président a expliqué en détail que “défendre la patrie” est la “priorité absolue” de l’armée, et a déclaré aux généraux présents dans la salle qu’ils pourraient être chargés de mener des “interventions fédérales” dans les villes administrées par des Démocrates, comme à Chicago ou à New York. Il a décrit ces villes comme “des lieux extrêmement dangereux que nous allons nettoyer une par une. Et ce sera une mission essentielle pour nombre d’entre vous. C’est en effet une guerre. Une guerre intérieure. J’ai dit au secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, que nous devrions considérer certaines de ces villes dangereuses comme des zones d’entraînement pour notre Garde nationale, mais aussi pour notre armée, car nous entrerons très bientôt à Chicago. C’est une grande ville dirigée par un maire incompétent”.

Mais c’est ce qui arrive quand on élit un homme profondément ignorant, imbu de lui-même et de sa gloire présumée, et qui a tendance à répéter la dernière chose que lui ont chuchoté à l’oreille ses conseillers tout aussi mal informés. Le résultat final pourrait bien être, malheureusement, adieu l’Amérique !

Philip M. Giraldi, Ph.D., est directeur exécutif du Council for the National Interest, une fondation éducative exonérée d’impôt en vertu de l’article 501(c)3 (numéro d’identification fédéral #52-1739023) qui milite en faveur d’une politique étrangère américaine au Moyen-Orient davantage axée sur les intérêts nationaux.

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