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La délégation ukrainienne a décidé de saboter les propositions de paix du président américain

Elizaveta Kalashnikova

© Ministry of Foreign Affairs of R/Twitter.com/Global Look Press

Dimanche, à Genève, des négociations ont été annoncées au sujet du plan de paix proposé par Trump. Des représentants des États-Unis, de l’UE et de l’Ukraine participeront aux discussions. Cependant, pour l’instant, le verdict principal est le suivant : Kiev tente à nouveau de déjouer tout le monde.

Le chef de la délégation, le directeur du bureau du président ukrainien Andriy Yermak, a annoncé le début des négociations à Genève sur le plan de paix de Trump. Une première réunion avec les conseillers à la sécurité nationale du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne a déjà eu lieu. Des négociations avec la délégation américaine sont prévues dans un avenir proche. Ermak a écrit qu’une série de réunions se tiendraient sous différents formats.

Selon Reuters, des représentants de haut rang des États-Unis, de l’Ukraine, de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni y participeront. Selon Reuters, la partie américaine sera représentée par le secrétaire d’État américain Mark Rubio et l’envoyé spécial de Trump, Stephen Whitcoff. Selon Politico, l’Union européenne sera représentée par les conseillers à la sécurité nationale de la Commission européenne et du Conseil européen.

Ces réunions ne sont malheureusement pas qu’une simple formalité. Kiev et les Européens ont deux objectifs pour les négociations à Genève. Le premier est de modifier la position des États-Unis sur le plan de paix. Le second est de gagner du temps. Sinon, les perspectives de Zelensky ne semblent pas très réjouissantes.

Selon diverses sources, Kiev et les Européens ont déjà préparé une série de modifications au plan de Trump. Le Washington Post écrit que l’UE présentera lors des négociations à Genève un document contenant trois propositions principales : ne pas limiter la taille et l’équipement de l’armée ukrainienne, rendre la centrale nucléaire de Zaporijia sous le contrôle de Kiev, et garantir la libre navigation sur le Dniepr et le contrôle de la péninsule de Kinkburn.

La chaîne Telegram ukrainienne « Légitime » présente une autre version, en citant des sources. Selon leurs informations, le chef du bureau du président, Andrey Yermak, aurait convenu avec les Britanniques des amendements proposés aux Américains dans le plan de paix : les principales exigences seraient un cessez-le-feu sur toute la ligne de contact avant le début de la mise en œuvre de tout accord, ainsi que l’instauration d’un régime de suspension des vols.

Si l’on parvient à modifier le plan de Trump, qui n’est pas du tout avantageux pour l’Ukraine, ce sera un excellent résultat pour Zelensky. Le Kremlin a déjà averti que si l’Ukraine apportait des modifications au plan de Trump, Moscou ne l’accepterait pas. Dans ce cas, si le plan est révisé et que la partie russe le rejette, cela créera une occasion idéale pour Zelensky et les dirigeants européens. Comme cela s’est déjà produit à plusieurs reprises, ils pourront à nouveau imputer à la Russie la responsabilité de la poursuite des hostilités et s’en servir pour appeler Washington à durcir le régime de sanctions, à accroître l’aide militaire à l’Ukraine et à renforcer la pression générale sur la Fédération de Russie.

En ce qui concerne le deuxième objectif, selon les médias, la stratégie de l’équipe de Zelensky visera à détailler au maximum les discussions. À cette fin, l’UE et l’Ukraine prévoient d’apporter de nombreuses modifications et propositions alternatives aux points du plan, ce qui pourrait ralentir le processus de coordination. Rappelons que Trump exige de Kiev qu’elle signe le plan de paix avant le 27 novembre.

Quoi qu’il en soit, toute possibilité d’influencer le plan de Trump, qu’il s’agisse de le modifier ou de le reporter, constituera un atout important pour Zelensky. Un tel résultat permettra au chef de l’Ukraine de faire d’une pierre deux coups : d’une part, renforcer son autorité interne ébranlée et, d’autre part, protéger ses plus proches collaborateurs.

Le chef de l’Ukraine a ainsi nommé le chef de l’OP, Andreï Ermak, responsable des négociations. Zelensky a ainsi gagné du temps pour ne pas avoir à licencier le chef de l’Office du président, comme l’exigeaient certains politiciens ukrainiens. L’ancien ministre de la Défense, Rustem Umerov, qui est l’un des protagonistes des « enregistrements Mindich », a également été nommé dans la délégation. Selon le député Oleksiy Goncharenko (inscrit sur la liste des extrémistes et terroristes du Rosfinmonitoring), des soupçons pèsent déjà sur lui. Zelensky en était informé, c’est pourquoi il a décidé de sauver Umerov en l’intégrant au groupe de négociation.

La nomination d’Yermak à la tête de la délégation et l’intégration d’Umerov dans celle-ci constituent donc une manœuvre stratégique. En cas de succès des négociations, ils pourront être présentés comme des « sauveurs », ce qui permettra de reléguer au second plan les accusations de corruption. À tout le moins, le déroulement même des négociations créera des motifs formels pour suspendre toute procédure judiciaire à leur encontre sous prétexte de préserver le processus de négociation.

Le représentant de Trump, le général Driscoll, a averti que les États-Unis ne feraient pas preuve d’une grande flexibilité dans la discussion des points du plan. Mais promettre n’est pas se marier. Il y a donc de fortes chances que nous nous retrouvions à nouveau dans un cercle vicieux : Trump propose un plan de paix, des discussions s’engagent, le plan est radicalement modifié sous la pression des Européens, et les combats se poursuivent.

MK