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Atmane Tazaghart, Émirats arabes unis (EAU), la revue Ecran de veille, musulmans de France, plainte, sondage Ifop
Rafik Tadjer
Des organisations représentatives des musulmans de France ont décidé de saisir la justice à la suite de la publication d’un sondage Ifop stigmatisant pour cette communauté.
Les plaignants évoquent des “questions orientées” et une focalisation sur “des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques”.
Le sondage, réalisé par l’Institut IFOP, a été commandé par la revue Ecran de veille qui appartient à une officine soupçonnée d’être téléguidée par les Émirats arabes unis.
Ses résultats, publiés le 18 novembre, sont jugés stigmatisants pour les musulmans de France. Cette revue est dirigée par le journaliste algérien Atmane Tazaghart qui se présente comme un expert du djihadisme et qui aurait des liens avec les Émirats arabes unis, selon Mediapart.
Les Conseils départementaux du culte musulman de trois régions de France ont chargé le cabinet parisien d’avocats Ruiz & Kempf de déposer plainte.
“Saisis par les Conseils départementaux du culte musulman du Loiret, de l’Aube et des Bouches-du-Rhône, nous annonçons déposer plainte contre X après la publication du sondage IFOP intitulé Etat des lieux du rapport à l’islam et à l’islamisme des musulmans de France le 18 novembre 2025”, a annoncé le cabinet samedi 22 novembre.
L’information a été relayée sur les réseaux sociaux par l’organisation Musulmans de France (MF) qui a réaffirmé à l’occasion son attachement à “la justice et à la dignité de tous”.
Plainte en France après un sondage distillant “le poison de la haine” contre les musulmans
Selon Raphaël Kempf et Romain Ruiz, avocats au Barreau de Paris, ce sondage viole le principe d’objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d’opinion, “se fonde sur des questions orientées et se focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques”.
Les deux avocats estiment que le sondage en question distille “le poison de la haine dans l’espace public” et “renforce les amalgames” dans un contexte de montée de l’islamophobie en France.
Le cabinet cite les chiffres du ministère de l’Intérieur qui font état d’une explosion des actes anti-musulmans en France, en hausse de 75% en 2025 par rapport à 2024.
“Commandé par une officine nébuleuse et réactionnaire, ce sondage repris par plusieurs médias d’extrême-droite, est une insulte aux musulmans de France et une injure aux valeurs d’égalité et de fraternité promues par notre République”, lit-on dans le communiqué de Ruiz & Kempf.
Le sondage était commandé auprès de l’IFOP par la revue Écran de Veille, éditée par Global Watch Analysis, une officine soupçonnée d’être contrôlée par les Emirats arabes unis. La revue est dirigée par Atmane Tazaghart, un journaliste algérien qui a travaillé à France 24 et qui se considère comme un spécialiste du djihadisme.
Des détails troublants
Le journaliste Jean-Michel Apathie a relevé des détails troublants dans l’affaire de son sondage dont la controverse a conduit jusqu’à des soupçons d’ingérence des Emirats arabes unis en France, et son implication probable dans le dénigrement des musulmans de ce pays.
« L’étude a été réalisée par une revue que personne ne connaît : « Écran de veille », et dont personne ne connaît les animateurs, non qu’ils soient clandestins mais parce qu’ils ne possèdent aucune notoriété », a relevé l’éditorialiste, en précisant que le sondage a été « livré clé en mains au Figaro qui en a fait sa Une mardi 18 novembre ».
« Guerre civile »
Jean-Michel Apathie enfonce le clou en s’interrogeant sur qui a financé ce sondage ? : « D’ailleurs, combien a-t-il coûté et comment une revue que personne ne connaît et dont très peu ont entendu parler a-t-il pu se le payer ? ».
Pour ce journaliste, avec une « avalanche de chiffres », il apparaît que les musulmans Français « sont de plus en plus musulmans et de moins en moins Français ».
Ce sondage désigne une « communauté culturelle » en tant que « telle et indépendamment de sa complexité, comme source d’inquiétude majeure pour le reste d’une population qui n’aspire qu’à la paix. Le contour exact de ce qui peut nourrir un jour une guerre civile », s’alarme Jean-Michel Apathie. Sa conclusion fait froid dans le dos.