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Le président Macron a évoqué samedi le poids dans la détérioration des relations entre la France et l’Algérie, et François Assilineau a avancé des noms.

Riyad Hamadi

France : qui est le lobby anti-algérien ?
Zemmour, Retailleau, BHL, Driencourt… : qui est le lobby anti-algérien en France ? / Par fatih / Adobe Stock

On en parle beaucoup depuis que les crises se succèdent entre l’Algérie et la France. Le lobby anti-algérien est pointé du doigt comme étant la partie qui pousse à la rupture entre les deux pays. 

A la différence des lobbies qui peuvent exister partout ailleurs, celui qui empoisonne la relation franco-algérienne agit à visage découvert et assume pleinement son action. 

Les anti-algériens en France se recrutent parmi les nostalgiques de l’Algérie française, les pro-israéliens, les relais du Maroc et plus globalement dans la sphère extrémiste de la classe politique, l’extrême-droite précisément. 

“C’est connu depuis longtemps, il existe en France un lobby qui pousse au pourrissement avec l’Algérie”, rappelait en août dernier l’homme politique français François Asselineau, qui parle d’une “espèce d’algerian bashing”.

Asselinau a dressé une liste de personnalités comme faisant partie de ce lobby. Des noms que tout le monde connaît. Éric Zemmour, Sarah Knafo, Bernard-Henri Lévy, Jacques Attali, Xavier Driencourt, Bruno Retailleau, Laurent Waukiez, a cité, pêle-mêle, François Asselineau qui n’oublie pas évidemment tous les dirigeants du Rassemblement national (RN). “Tout le monde s’est mis à cracher sur l’Algérie”, s’est-il indigné. 

A contre-courant des intérêts de la France

En croyant affaiblir l’Algérie, ce courant va en réalité à contre-courant des intérêts de la France. Comme l’a souligné Asselineau, l’Algérie et le plus grand pays d’Afrique, riche en hydrocarbures et constituait un débouché pour l’industrie et l’agriculture française. 

Depuis que Bruno Retailleau, Xavier Driencourt ou Eric Zemmour s’attaquent à l’Algérie tous les matins, “ça fait qu’on est dans une situation où il n’y a plus de contact”, disait l’homme politique en août dernier, alors que les canaux étaient coupés entre les deux capitales. 

Alger et Paris ont commencé à reprendre contact à partir d’octobre dernier et le courant anti-algérien est désormais pointé du doigt par de plus en plus de voix, y compris au plus haut sommet de l’Etat. 

Le “jeu électoral”du lobby anti-algérien en France 

Après la libération de l’écrivain Boualem Sansal et le début d’un dégel dans la relation bilatérale, le président français Emmanuel Macron a accusé le courant extrémiste de vouloir faire de l’Algérie “une question de politique domestique française”. 

“Si on laisse ces gens-là de chaque côté faire l’agenda, il n’y a aucune chance qu’on avance”, a déclaré le président français en marge du sommet du G20 en Afrique du Sud, samedi 22 novembre. 

Si ce courant instrumentalise à outrance la question de la relation avec l’Algérie c’est aussi et surtout par calcul politicien en prévision des importantes échéances électorales qui s’annoncent. 

Si on compte les Pieds-noirs, les descendants des 1,5 million de soldats qui ont combattu en Algérie, les Harkis et toutes les composantes et tous les “sous-ensembles”, il y a en France des millions de personnes qui “pensent à l’Algérie, qui regardent vers l’Algérie et qui ont quelquefois des glissements politiques et qui construisent des clientèles politiques”, expliquait en février dernier l’historien Benjamin Stora. 

“Les histoires autour de l’Algérie qui n’étaient pas très politiques dans les années 70-80, sont devenues des histoires de fabrication de clientèles électorales”, a ajouté le spécialiste de l’Algérie. 

Quand Retailleau veut imiter Sarkozy

Pour illustrer son propos, Stora a pointé la similitude entre la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2027 et celle que mène aujourd’hui Bruno Retailleau.

Sarkozy avait “siphonné” les voix du Front national et a gagné l’élection en faisant campagne sur la révision des accords d’Evian.

 “Aujourd’hui, fait remarquer l’historien, Retailleau reprend exactement la campagne de Nicolas Sarkozy de 2007, c’est-à-dire l’Algérie”, en remettant en question, “tous les jours”, les accords d’Evian, l’indépendance, la repentance, les accords de 1968…L’ancien ministre de l’Intérieur a réussi à franchir une première marche en devenant en mai dernier le président des Républicains, en grande partie grâce à ses positions sur la crise avec l’Algérie. 

Échaudé par l’épisode de 2007, le Rassemblement national est “aux aguets”, d’où la “surenchère” sur l’Algérie à laquelle on assiste, a analysé Benjamin Stora. 

“Ce jeu électoral, qui est terrible, se fait malheureusement au détriment de ceux qui vivent dans le pays”, a-t-il regretté. 

TSA