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par Eric Margolis

Le président Donald Trump menace de pendre les officiers militaires qui ont l’audace de dire à leurs troupes de ne pas obéir à des ordres illégaux. Trump les a qualifiés de « traîtres » et a suggéré qu’ils soient emprisonnés.

Le président vient de franchir le Rubicon. Auparavant, ses propos relevaient de la plaisanterie télévisée. Aujourd’hui, après ces menaces, il est allé beaucoup trop loin. Les Américains devraient s’alarmer.

Je me suis enrôlé dans l’armée américaine en 1969 pour devenir officier d’infanterie et j’ai servi au Vietnam. À l’époque, je pensais naïvement que cette guerre coloniale faisait simplement partie du mode de vie américain.

Lors de la formation de base et avancée d’infanterie à Fort Dix, dans le New Jersey, nous avons été formés au code de conduite militaire, le système juridique qui régit la conduite des soldats.

La leçon la plus importante dont je me souvienne clairement était l’ordre de refuser tout ordre considéré comme illégal, c’est-à-dire contraire à la loi américaine et aux Conventions de Genève. Cet ordre n’est pas sorti de nulle part. Il a été promulgué à la suite des procès de Nuremberg après la Seconde Guerre mondiale, au cours desquels une grande partie de l’élite allemande a été reconnue coupable de crimes de guerre et nombre d’entre eux ont été condamnés à mort.

La plupart des responsables et soldats allemands jugés pour divers crimes de guerre ont affirmé qu’ils ne faisaient que suivre les ordres de leurs supérieurs. C’est pourquoi les procureurs de Nuremberg ont décidé de rejeter la défense fondée sur l’autorité supérieure.

Les procès de Nuremberg ont été, à bien des égards, une vengeance légalisée contre un ennemi vaincu. Cela est d’autant plus vrai que parmi les alliés victorieux figuraient l’armée de l’air américaine et la RAF, qui avaient tué des millions de civils en Europe et au Japon, ainsi que les Soviétiques, qui avaient tué des millions d’autres civils innocents.

Nuremberg était un gigantesque tribunal fantoche qui a légalisé les meurtres par vengeance. Mais le seul point positif qui en est ressorti a été le rejet de la défense « Je ne faisais que suivre les ordres ». Toutes les guerres sont des crimes, mais ce nouveau statut a légèrement atténué certaines des horreurs et des meurtres qui y sont associés.

Le président Trump souhaite désormais supprimer cette protection, car il estime que son autorité royale a été remise en cause. Il s’agit là d’une violation de notre Constitution et de nos lois. Tout aussi illégale, cette mesure soulève la question de l’interdiction constitutionnelle des lois d’atteinte à la vie civile, un acte par lequel le gouvernement désigne un individu pour un crime particulier et le poursuit sans procès en bonne et due forme.

Cette chronique affirme depuis longtemps que tous les présidents devraient être des vétérans de l’armée. Il est regrettable que Donald Trump ait réussi à échapper au service militaire (alors que je servais mon pays), car il comprendrait mieux cette question importante et les contraintes juridiques et coutumières imposées à sa noble fonction.

Eric S. Margolis