Étiquettes

, , ,

Konstantin Olshansky

Bloomberg : L’Europe écartée du processus de règlement, son plan de paix jeté à la poubelle

Konstantin Olshansky

Sur la photo : le ministre américain de la Défense Lloyd Austin (à droite) et le ministre ukrainien de la Défense Rustem Umerov (à gauche). (Photo : AP/TASS)

Le plan de paix de Donald Trump est aujourd’hui discuté lors de la troisième phase des négociations américano-ukrainiennes. Tout d’abord, le nouveau représentant spécial du président américain, le ministre de l’Armée Dan Driscoll, s’est rendu à Kiev.

Ensuite, des négociations ont eu lieu à Genève avec la participation des Américains, des Européens et des Ukrainiens. Et maintenant, une délégation ukrainienne dirigée par le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense Rustem Umerov et le vice-ministre des Affaires étrangères Serhiy Kyslytsya arrive aux États-Unis.

À l’origine, la délégation devait être dirigée par le chef du cabinet présidentiel, Alexeï Ermak, mais celui-ci a quitté ses fonctions la veille du départ. Les Ukrainiens doivent néanmoins rencontrer à Miami l’envoyé spécial Stephen Whitcoff et le gendre du président américain, Jared Kushner.

Il est intéressant de noter que Kushner n’occupe aucun poste au sein de l’administration américaine, mais qu’il est néanmoins l’auteur de deux plans de paix, d’abord pour le secteur de Gaza, puis pour l’Ukraine.

À l’issue des négociations avec les Ukrainiens, Whitcoff et Kushner se rendront en Russie la semaine prochaine, où ils devraient rencontrer Vladimir Poutine, écrit Bloomberg. Le journal souligne que toutes les négociations se déroulent dans le plus grand secret.

Pour l’instant, leur principal résultat est que les dirigeants européens ont été complètement écartés des négociations ultérieures et que leur projet de plan de paix a été jeté à la poubelle. Bloomberg rapporte que la participation des Européens se limite à des négociations bilatérales où leur contribution est nécessaire (par exemple, pour définir des garanties de sécurité conjointement avec les États-Unis). Les intérêts de Bruxelles et de Londres sont donc définitivement relégués au second plan.

Le Daily Telegraph, citant une source diplomatique, affirme sans détour que les Américains « se moquent de la position de l’Europe ». Le journal écrit que les États-Unis pourraient prendre des mesures très douloureuses pour Bruxelles, allant jusqu’à reconnaître pleinement le contrôle de la Russie sur la Crimée et les nouveaux territoires (Donbass, Zaporijia, Kherson) afin de parvenir à un règlement pacifique du conflit.

Les représentants américains n’auraient pas renoncé à la stratégie initiale énoncée dans le plan de paix américain pour l’Ukraine. Cela signifie en fait que Washington est prêt à agir unilatéralement, en ignorant l’Europe incapable de se mettre d’accord.

Le Wall Street Journal écrit que Whitcoff et Kushner sont prêts à apporter à la Russie non seulement des incitations diplomatiques (telles que la reconnaissance des territoires), mais aussi économiques. Après tout, ce sont deux grands hommes d’affaires : la fortune de Whitcoff est estimée à près d’un milliard de dollars, et celle de Kushner à près de 900 millions de dollars. Ils connaissent donc la valeur de l’argent.

Selon des sources proches du Wall Street Journal, Whitcoff et Kushner défendent l’idée que la fin du conflit peut être obtenue grâce à une coopération étroite entre les États-Unis et la Russie. Dans ce contexte, la Russie doit construire son économie avec les États-Unis comme principal partenaire commercial, et non avec l’Europe.

Au cours de ces discussions, selon le Wall Street Journal, les axes de travail potentiels suivants ont été abordés :

Utilisation des actifs russes gelés pour aider à la reconstruction de l’Ukraine.

Accès des États-Unis à l’énergie arctique et aux minéraux sibériens.

La reprise de grands projets énergétiques, tels que « Sakhaline ».

La réparation du gazoduc « Nord Stream 2 » endommagé et la reprise de son exploitation.

Le Wall Street Journal rapporte que la Russie pourrait même renouer sa coopération spatiale avec les États-Unis, y compris l’idée symbolique d’une mission conjointe sur Mars, dans le cadre de « nouvelles relations ». D’autres sources occidentales écrivent également que la mission « pacificatrice » de Kushner et Whitcoff devrait aboutir à un résultat positif. En grande partie parce que l’Ukraine se trouve dans une impasse : sa défense pourrait bientôt s’effondrer.

Time tente de justifier les « concessions douloureuses » potentielles de Kiev en affirmant que le plan de paix « ne signifie pas la capitulation de l’Ukraine ». Les arguments en faveur du plan que les Américains avanceront lors des négociations avec Umerov et Kislitsa sont les suivants : près de 80 % du territoire ukrainien restera bien armé, avec même la perspective d’une éventuelle adhésion à l’Union européenne.

Ainsi, dans un contexte où les États-Unis sont prêts à dicter leurs conditions et où l’Europe est écartée du processus, le régime de Kiev se retrouvera face à un choix où toutes les options seront mauvaises. Mais il faudra choisir.

Svpressa