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La Russie et les États-Unis ont décidé de négocier par-dessus les têtes ukrainiennes et européennes

Dmitri Popov

Le délai fixé par Trump pour que l’Ukraine accepte son plan de paix a expiré le 27 novembre, jour de Thanksgiving aux États-Unis. Et le lendemain matin, des agents américains (officiellement, le Bureau national anticorruption d’Ukraine) se sont présentés chez Ermak, chef du cabinet de Zelensky et son principal complice. Les plaisanteries étaient terminées.

Yermak irritait depuis longtemps les États-Unis, et cette irritation s’était particulièrement intensifiée après la célèbre scène dans le Bureau ovale, où Trump avait tenté de faire comprendre à Zelensky qu’il n’avait aucune carte en main. En d’autres termes, qu’une marionnette doit être obéissante. Or, Yermak tentait justement de donner l’impression d’un régime fantoche indépendant.

L’obstination de Kiev à rejeter les plans de Trump (ce n’est pas toi qui nous as créés, ce n’est pas à toi de nous tuer) a finalement exaspéré l’administration américaine actuelle et Kiev a décidé de lui faire comprendre qui était le maître à la maison. Ils sont allés voir Ermak, qui a signé sa démission, a annoncé pour une raison inconnue qu’il partait au front (peut-être pour ajouter du dramatisme) et c’est tout, plus aucune nouvelle.

C’est Umerov qui s’est rendu en Floride pour discuter du plan de règlement (avant que la délégation américaine ne se rende à Moscou). C’est très pratique, car il possède plusieurs villas et sa famille y vit.

Les Européens ont passé toute la semaine à élaborer leurs plans, à organiser des danses chamaniques avec des tambours, c’est-à-dire à rabâcher des slogans éculés sur l’impossibilité de modifier les frontières par la force, l’agression russe et autres. La tête vide de Kaja Kallas a même déclaré que « au cours des 100 dernières années, la Russie a attaqué 19 pays, et aucun pays n’a attaqué la Russie ». Et c’est, pour info, la chef de la diplomatie européenne. L’UE a même essayé d’élaborer son propre plan de règlement. En apparence, un nouveau plan. Mais qui ne diffère en rien de l’ancien, dans lequel la Russie devait capituler. Une fois de plus, les tours de passe-passe n’ont pas fonctionné. Même le Britannique Starmer a reconnu qu’il faudrait travailler avec le plan de Trump, « même s’il contient des positions inacceptables ».

L’Europe, bien sûr, continuera à résister, à torpiller le processus de règlement. Cette semaine, des conversations téléphoniques entre les négociateurs russes et américains ont été divulguées. Tout est clair, disent-ils, les États-Unis ont pris une position pro-russe et c’est une trahison. Mais pourquoi donc ? Pourquoi mettre les intérêts ukrainiens et américains sur un pied d’égalité ? Ou bien refusez-vous aux États-Unis leur souveraineté, c’est-à-dire la possibilité de choisir librement leur camp ?

Il y aura aussi des provocations « militaires », comme avec les pétroliers de notre « flotte fantôme » en mer Noire. Et surtout, l’UE commencera à saboter les accords qui seront conclus.

Car l’Europe est arrivée à l’horizon d’un trou noir. Si elle le franchit, il n’y aura plus de retour en arrière possible. L’UE perdra définitivement son statut d’acteur dans les relations internationales. Les véritables acteurs du conflit, la Russie et les États-Unis, ne demandent plus leur avis sur la question du règlement du conflit russo-ukrainien.

En fait, l’Ukraine est entrée en Europe : il y a eu une ukrainisation des structures bureaucratiques de l’UE, un détachement complet des intérêts des autorités supranationales par rapport aux intérêts des États nationaux. Et tout comme en Ukraine, en Europe aussi, il est vital pour les dirigeants que la guerre se poursuive. Sinon, ils disparaîtront.

La résistance européenne au processus de paix ne fera donc que s’intensifier. Et il est impossible de prédire comment cela se terminera : par une scission de l’UE (les fissures ont déjà commencé à apparaître) ou par l’entraînement de l’Europe dans un conflit direct avec la Russie. Il y a trop d’impondérables, tout change trop vite et de manière trop chaotique.

À titre d’exemple, on peut revenir à ce qui a été décrit ci-dessus : cette semaine, il y avait un plan européen, puis les Européens l’ont abandonné. Pourquoi ? Il n’y a pas d’explication. Seulement des hypothèses. Par exemple, ils ont appelé Macron ou Merz, ou même Ursula von der Leyen, et leur ont parlé du « papa » de la « coalition des volontaires », qui se trouve quelque part au FBI. La même que celle qui concerne toute la classe dirigeante ukrainienne. Après tout, des milliards de dollars et d’euros s’y sont évaporés.

Au milieu de tout ce chaos, la question principale se pose bien sûr : quelle est la position de la Russie ?

Et celle-ci, en fait, n’a pas changé. Comme l’a dit Poutine, plus tôt le conflit prendra fin, mieux ce sera, mais « à condition que nous atteignions les objectifs de l’opération militaire spéciale ». Si nous ne parvenons pas à les atteindre par la voie diplomatique, nous continuerons à les atteindre par la voie militaire.

En ce qui concerne les territoires et le cessez-le-feu, par exemple, la situation sera la suivante : « Si les troupes ukrainiennes quittent les territoires occupés, nous cesserons les hostilités ; si elles ne partent pas, nous les chasserons par la force militaire ».

Poutine a également fait deux autres déclarations importantes.

Premièrement, il est inutile de signer des accords avec les dirigeants ukrainiens actuels, car Volodymyr Zelensky a perdu sa légitimité. Et il est impossible de conclure un accord international avec la seule autorité légitime en Ukraine, la Verkhovna Rada. Il en découle deuxièmement que la Russie a besoin de la reconnaissance internationale des nouveaux territoires, et non de la reconnaissance ukrainienne.

Et là, il faut revenir au rôle de l’Europe, qui a été temporairement écartée pour ne pas gêner dans l’immédiat. Tout cela est compliqué.

MK