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William Schryver

B-2 « bombardier furtif » larguant une bombe GBU-57 « bunker buster »

Analyse rétrospective de la guerre dite « des 12 jours » et de l’opération Midnight Hammer, célébrée comme un triomphe.

La GBU-57 est une grosse bombe gravitationnelle équipée d’ailettes. Pour garantir une précision optimale, un bombardier B-2 doit la larguer sur sa cible à une distance maximale d’environ cinq milles marins, soit pratiquement au-dessus de la cible.

Sa profondeur de pénétration est supposée être de 200 pieds. Mais cette capacité n’a JAMAIS été testée contre une cible souterraine sérieusement renforcée, recouverte de couches de béton haute performance et surmontée de plusieurs dizaines de mètres de roche solide. Dans ce type de scénario réel, la GBU-57 aurait de la chance si elle parvenait à pénétrer à 50 pieds, voire moins.

Il a toujours été ridicule de prétendre que la GBU-57 était l’arme miracle qu’on prétendait qu’elle était. Il y a une bonne raison pour laquelle les États-Unis n’en ont produit qu’une vingtaine avant d’arrêter : ils ont compris ses limites importantes dans un environnement de combat hostile.

Et, malgré la propagande hyperbolique israélienne, il n’y a jamais eu de preuve crédible que les défenses aériennes iraniennes à moyenne et longue portée contre les avions à voilure fixe aient été affaiblies de manière significative. Et les défenses aériennes iraniennes à courte portée étaient chaque jour plus efficaces contre les drones israéliens à longue portée.

Quant au B-2, il s’agit d’un gros avion subsonique. Il vole à la vitesse d’un avion de ligne. Une frappe sur Fordow impliquerait de parcourir au moins 500 miles pour entrer et sortir d’Iran.

Il est absurde de prétendre que le B-2 est effectivement invisible. Il peut être suivi à longue distance et suffisamment bien ciblé pour que des missiles dotés d’un guidage terminal efficace (thermique/optique) puissent le détruire.

Les Iraniens ont établi, lors de la riposte israélienne du 26 octobre 2024, qu’ils pouvaient détecter les F-35 avec leurs radars. C’est pourquoi les Israéliens n’ont lancé que des munitions à longue portée : des missiles aérobalistiques et de croisière, dont ils disposent d’un stock très limité.

Les mêmes conditions prévalaient pendant la guerre des 12 jours.

Et tout comme les Israéliens n’étaient pas disposés à risquer de voir leurs chasseurs abattus au-dessus de l’Iran, l’USAF n’était pas non plus disposée à risquer de voir un B-2 abattu au-dessus de l’Iran.

Peut-être que quelques B-2 ont lancé des JASSM depuis l’Irak ou la mer Caspienne. Peut-être que seuls des Tomahawks lancés depuis des sous-marins ont frappé des cibles iraniennes. Mais il ne s’agissait certainement pas de bombes GBU-57 « Bunker Buster » larguées par une demi-douzaine de B-2 volant tranquillement dans l’espace aérien iranien pendant une heure.

Et quoi qu’ait été largué, cela n’a causé aucun dommage significatif. Fordow a tout au plus été égratigné. Quelques structures en surface à Natanz ont été détruites.

L’affirmation de Trump selon laquelle le programme nucléaire iranien a été détruit est une absurdité totale. Personne ayant une connaissance même modeste de ces questions ne croit cela.

Les Israéliens n’y croient certainement pas, et ils l’ont admis.

Il est vrai qu’en représailles, les Iraniens ont précisément ciblé et détruit de manière convaincante un important complexe de communications situé sur la base aérienne américaine d’Al Udeid au Qatar.

La frappe fictive du B-2 « Bunker Buster » sur Fordow et la frappe symbolique des missiles balistiques iraniens sur Al Udeid étaient des événements orchestrés destinés à faciliter le cessez-le-feu proposé par les Américains et accepté par les Iraniens.

Les Américains et les Israéliens avaient épuisé la quasi-totalité de leurs stocks d’intercepteurs de missiles balistiques en une semaine et demie, et les missiles iraniens pleuvaient en toute impunité depuis quelques jours.

Les Iraniens savaient très bien qu’ils avaient déjà remporté une victoire stratégique, malgré leurs débuts difficiles.

Je suis également convaincu que les Russes et les Chinois ont encouragé l’Iran à accepter la proposition de cessez-le-feu.

Cela a permis aux deux parties de revendiquer une victoire en termes de relations publiques, de panser leurs blessures et de se préparer pour le prochain round.

Par ailleurs, les Iraniens ont une capacité de production supérieure à celle de leurs homologues américains et israéliens. Il semble également que les Iraniens soient désormais beaucoup plus réceptifs à l’aide russe et chinoise qu’ils ne l’étaient auparavant.

Lorsque cette guerre reprendra, les Iraniens seront relativement plus forts qu’auparavant. Et les risques pour les États-Unis et Israël seront considérablement accrus.

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