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par Ron Paul
La semaine dernière, le Pentagone, sous la direction du « secrétaire à la Guerre » Pete Hegseth, a mené une nouvelle attaque militaire contre un bateau en haute mer que l’administration accuse de trafic de drogue. Cela porte à 23 le nombre de bateaux détruits par l’armée américaine au large des côtes latino-américaines – la plupart près du Venezuela – et à près de 100 le nombre de personnes tuées.
À ce jour, le gouvernement américain n’a fourni aucune preuve à l’appui de son affirmation selon laquelle ces bateaux transportaient clandestinement du fentanyl et d’autres drogues dangereuses vers les États-Unis. La Drug Enforcement Administration (DEA) américaine a indiqué que le Venezuela ne fabriquait ni ne transportait de fentanyl vers les États-Unis. En fait, la DEA continue de conclure que le Venezuela ne joue qu’un rôle mineur dans le trafic de drogue.
S’agit-il vraiment de drogue ? Ou s’agit-il plutôt d’un « changement de régime » au Venezuela ?
Lorsque l’amiral Alvin Holsey, commandant du Commandement Sud des États-Unis, a fait part de ses inquiétudes quant à la légalité des bombardements de bateaux en haute mer et des exécutions extrajudiciaires, il a été écarté par Hegseth. Ses préoccupations ont été ignorées.
Lorsque les avocats du Conseil national de sécurité, du Pentagone et du ministère de la Justice ont soulevé des objections contre les attaques contre les bateaux, ils ont été réaffectés ou licenciés, selon les informations parues dans la presse. Finalement, les avocats nommés par le président Trump au ministère de la Justice ont trouvé une justification aux assassinats. Mais celle-ci est classée confidentielle.
La semaine dernière, les médias ont rapporté un incident survenu en septembre, au cours duquel deux survivants de l’attaque américaine se sont retrouvés accrochés à l’épave de leur bateau lorsque l’ordre a été donné de les tuer également. Il s’agissait clairement d’un ordre illégal, même selon le manuel des lois de la guerre du Pentagone.
Beaucoup d’Américains ne voudront pas l’entendre, mais toute cette opération est illégale et immorale, depuis le fait de faire exploser les survivants jusqu’à celui de faire exploser les bateaux. Il n’y a aucune justification légale pour utiliser la force militaire contre des bateaux en haute mer qui ne représentent aucune menace militaire imminente pour les États-Unis.
De nombreux partisans de cette politique affirment que ces meurtres relèvent de la « légitime défense », car les « narco-terroristes » utilisent les stupéfiants comme armes contre le peuple américain. C’est en tout cas ce que prétend l’administration, qui a inventé le terme « narco-terroriste » pour justifier ces meurtres.
Malheureusement, cela montre à quel point la propagande de guerre du gouvernement est encore efficace. Elle a été utilisée lorsque les administrations républicaines et démocrates ont voulu lancer des guerres contre Saddam Hussein, contre Kadhafi, contre Assad, etc. De nouveaux slogans sont inventés et une grande partie du public les adopte volontiers comme siens. Quiconque conteste les nouveaux slogans est considéré comme antipatriotique ou faible. Lorsque la guerre tourne mal, ils prétendent n’avoir jamais été trompés par les mensonges du gouvernement. Puis cela se reproduit et ils répètent les nouveaux slogans de guerre.
La « guerre contre la drogue » a été lancée par le président Nixon il y a un demi-siècle. Il s’agit manifestement d’une autre politique gouvernementale qui a échoué. Augmenter les enjeux dans une guerre qui a échoué est stupide et contre-productif. La solution au trafic pendant la prohibition de l’alcool n’était pas de commencer à bombarder les contrebandiers. Il fallait accepter une réalité économique fondamentale : on ne peut pas éliminer la demande en éliminant l’offre.
Chaque année, plus d’Américains meurent à cause de la consommation d’alcool que de celle du fentanyl. Des frappes seront-elles bientôt lancées contre les « alco-terroristes » qui tuent des Américains ? Bien sûr que non… espérons-le. C’est le danger de rejeter les lois de la guerre : tout peut arriver ensuite.
Le Congrès a le pouvoir d’empêcher le secrétaire Hegseth de tuer des gens en haute mer. Il devrait le faire sans tarder.