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Donald Trump est-il en train de se mettre sa base à dos ? La colère gronde en tous les cas au sein du mouvement MAGA. Et le président américain ne semble pas disposé à l’entendre…
Marie Rigot

Vent de panique à la Maison-Blanche. Face à des sondages en berne et des tensions au sein du mouvement MAGA, les équipes du président ont décidé de reprendre les choses en main. Leur objectif ? Répondre rapidement au mécontentement grandissant pour éviter la catastrophe lors des midterms. Les proches de Donald Trump se sont donc mis en tête de persuader le président de rassurer sa base. Mais, comme l’explique le Washington Post, tout ne se passe pas comme prévu.
Invité à la Maison-Blanche, Mark Mitchel, un sondeur conservateur, a été mandaté parJ.D. Vance pour faire remonter les principaux soucis au chef d’Etat. Après une rencontre avec le vice-président, la cheffe de cabinet de Donald Trump Susie Wiles et le secrétaire d’Etat Marco Rubio qui l’ont briefé, il a pu directement déjeuner avec le principal intéressé. L’expert n’a pas attendu que le gâteau de crabe soit servi pour entrer dans le vif du sujet: l’électorat historique du président ne se retrouve pas dans la politique menée par son administration. « Quand vous vous êtes relevé après avoir été la cible d’un tireur, vous avez dit : ‘Fight, fight, fight’ (‘Combattez, combattez, combattez’, ndlr.). Mais personne n’a jamais précisé ce que cela voulait dire », a détaillé Mitchell. « Et là, vous êtes en train de combattre Marjorie Taylor Greene (très active dans le mouvement MAGA mais qui a pris ses distances avec Donald Trump, ndlr.), pas de combattre pour les Américains. »
Le sondeur a fait comprendre au locataire de la Maison-Blanche que sesdîners avec des riches investisseurs ou ses entrevues concernant des conflits à l’étranger exaspéraient bon nombre d’Américains, qui veulent avant tout que leurs fins de mois soient moins compliquées. « Ils veulent que vous brisiez l’oligarchie, pas que vous en fassiez partie », a-t-il glissé à Trump, lui suggérant d’adopter « un populisme économique pragmatique » selon des propos rapportés par le Washington Post. Il est également revenu sur une « grosse erreur » commise par le président et son administration: « La toute première chose à ne pas faire, c’était de baisser le prix de l’essence d’un dollar puis dire que l’âge d’or est arrivé », a-t-il vilipendé.
Attirer l’attention de Donald Trump, une démarche périlleuse
L’invité s’est appuyé sur des chiffres et tableaux pour tenter d’attirer l’attention du locataire de la Maison-Blanche et d’éveiller son intérêt, voire son inquiétude. Mais rien n’y a fait. Donald Trump est resté stoïque tout au long de ses explications. « Il n’était pas aussi intéressé que je l’aurais espéré », a regretté le sondeur. Qui n’était pas au bout de ses peines. Fatigué d’écouter les préoccupations de ses électeurs et après quelques brèves questions sur celles-ci, le président a décidé de tout simplement changer de sujet. Il en est ainsi venu à discuter de golf et à vanter les mérites de certains de ses partenaires, dont le sénateur Lindsey Graham.
Au moment de clôturer leur entrevue, Mark Mitchel n’est pas convaincu d’avoir réellement réussi à faire entendre raison au chef d’Etat. Mais, dans les couloirs de la Maison-Blanche, l’on s’activait déjà pour faire bouger les choses. Des membres de l’administration ont ainsi confié à plusieurs médias américains que Donald Trump allait organiser des rassemblements quasi hebdomadaires pour aller à la rencontre de ses électeurs. Ces déplacements à l’intérieur du pays s’étaient fait très rares, ces derniers mois, ce que n’avaient pas manqué de fustiger certains républicains.
Que disent les sondages ?
Il faut dire que les chiffres sont plutôt inquiétants. Et cela ne date pas d’hier. Depuis quelques mois déjà, la cote de popularité du président est en baisse. Selon les derniers sondages, elle n’a même jamais été aussi faible. Ainsi, elle est de 42% dans une enquête de NBC News (58% de désapprobation) et de 36% dans une enquête d’AP-NORC (61% de désapprobation).