Par Jon Hoffman

Le week-end dernier, l’État islamique (EI) a tué trois Américains en Syrie, deux soldats américains et un entrepreneur civil, marquant les premières pertes américaines dans le pays depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024. Le président Donald Trump a promis de riposter par des « représailles très sévères ». La meilleure ligne de conduite qu’il puisse adopter consiste à mettre fin à la présence militaire américaine en Syrie, inutile et contre-productive. Sans une telle mesure, des catastrophes comme celle-ci ne feront que se reproduire.
Les États-Unis maintiennent actuellement environ 1 000 soldats en Syrie, contre environ 2 000 stationnés dans le pays lorsque Trump a pris ses fonctions en janvier 2025. Il s’agit des vestiges de la mission de lutte contre l’EI lancée par le président Barack Obama en 2015. Pourtant, même après la destruction du soi-disant « califat » de l’EI en 2019, les troupes américaines sont restées indéfiniment en Syrie. Pourquoi ? Parce que, comme l’a fait remarquer l’ancien ambassadeur américain en Syrie Robert Ford, « la véritable raison (mais non officielle) de la présence américaine est d’empêcher l’Iran d’utiliser une route reliant l’Irak à la Syrie ».
Il faut reconnaître que Trump avait prévu de retirer les troupes de Syrie pendant son premier mandat, mais la présence militaire américaine est restée, en partie grâce aux efforts du Pentagone pour saboter ce retrait. Le président Joe Biden a maintenu la présence américaine en Syrie, malgré les quelque 200 attaques dont ces troupes – et celles stationnées en Irak – ont été victimes à la suite de l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 et de la guerre menée ensuite par Israël à Gaza. La personne responsable de cette récente attaque serait un membre des forces de sécurité syriennes, dirigées par Ahmad al-Sharaa, le nouveau président syrien et ancien membre d’Al-Qaïda.
Trump a l’occasion de ramener les troupes restantes en Syrie, d’autant plus que le pays reste en proie à des divisions internes et à une multitude d’acteurs externes rivaux qui tentent de faire avancer leurs propres intérêts après le départ d’Assad. Les États-Unis ont des intérêts très limités en Syrie, dont le principal est de prévenir les attaques terroristes contre le territoire américain. Les troupes américaines en Syrie représentent un vestige de la guerre mondiale contre le terrorisme, qui s’est soldée par un échec et s’est avérée contre-productive. Le maintien d’une présence militaire américaine en Syrie constitue non seulement une erreur stratégique, mais aussi une atteinte directe à la vie des soldats américains.
Trump a affirmé à plusieurs reprises son intention de réformer la politique américaine au Moyen-Orient. La stratégie de sécurité nationale récemment publiée reconnaît à juste titre l’importance stratégique limitée du Moyen-Orient et soutient que la région ne devrait plus accaparer la politique étrangère américaine. Cependant, le principal obstacle à un tel changement de politique n’a jamais été le manque d’alternatives viables, mais reste une question de volonté politique. Washington ne peut pas réaliser cette vision tout en maintenant sa présence militaire expansive au Moyen-Orient et en se laissant constamment entraîner dans les affaires de la région.
Trump devrait poursuivre un véritable changement de politique, en commençant par le retrait immédiat de toutes les troupes américaines de Syrie.