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Par Elijah J. Magnier
Il est stratégiquement dans l’intérêt d’Israël de voir le Liban divisé, d’autant plus qu’il est devenu évident que le Hezbollah ne peut être désarmé par une simple campagne aérienne et que la diplomatie libanaise a failli à sa mission de défendre la souveraineté du Liban et de mettre fin aux bombardements israéliens quotidiens. La fragmentation du Liban affaiblit toute position politique unie, érode la dissuasion nationale et permet à Israël d’opérer dans un contexte où l’État est incapable de formuler ou d’appliquer une politique de défense cohérente.
Israël n’est cependant pas en mesure de réoccuper le Liban. Il lui manque à la fois les capacités militaires et la tolérance politique nécessaires pour une campagne terrestre soutenue comme celle qu’exigerait une telle opération. Sa tentative de 2024 l’a clairement démontré. Dès leur entrée au Sud-Liban, les forces terrestres israéliennes se sont heurtées à une résistance organisée et idéologiquement engagée, qui a tenu bon face à des dizaines de milliers de soldats. L’armée nationale libanaise, jamais préparée à ce rôle, s’est avérée incapable d’assumer une telle responsabilité, tandis que la diplomatie libanaise s’est montrée largement impuissante à infléchir le cours des événements. C’est la performance défensive du Hezbollah, et non les institutions étatiques, qui a empêché une occupation plus profonde et plus longue. La résistance continue de protéger le Liban de la perte de vastes territoires et conserve la capacité d’affronter un ennemi largement supérieur en nombre, même si elle n’est pas son égale. Il est à noter qu’Israël n’est parvenu à occuper cinq collines qu’après le cessez-le-feu, et non pendant la guerre, ses forces évitant de passer une seule nuit en territoire libanais occupé par crainte d’embuscades nocturnes.
Dans ce contexte, le maintien de la paralysie politique au Liban devient un outil indirect pour Israël. Si l’État ne parvient pas à consolider son autorité, à négocier en position de force ni à coordonner sa défense nationale, le Hezbollah demeure le seul acteur dissuasif efficace – une situation qu’Israël dénonce publiquement tout en l’exploitant dans les faits. Un Liban divisé est plus facile à déstabiliser et à faire pression, et bien plus facile à contrôler qu’un État uni capable de définir et de faire respecter des lignes rouges claires.
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