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Si le droit à la liberté d’expression n’inclut pas le droit de s’opposer à un génocide en cours en utilisant un langage fort et sans concession, alors il n’y a pas de liberté d’expression.

Caitlin Johnstone

Si le droit à la liberté d’expression n’inclut pas le droit de s’opposer à un génocide en cours en utilisant un langage fort et sans concession, alors il n’y a pas de liberté d’expression.

C’est exactement le genre de situation pour laquelle la liberté d’expression est prévue : lorsque le gouvernement fait quelque chose de mal qui doit être farouchement combattu. C’est la principale raison pour laquelle c’est une valeur sacrée dans notre société. La liberté d’expression sert à demander des comptes aux puissants.

Si vous ne disposez de la liberté d’expression que lorsque vous êtes d’accord avec votre gouvernement et que vous ne dites rien qui dérange les puissants, alors l’Arabie saoudite dispose de la liberté d’expression. Tous les régimes tyranniques qui ont jamais existé ont bénéficié de la liberté d’expression selon ces critères. On ne mesure pas la liberté d’une société à l’aune de la mesure dans laquelle ses citoyens sont autorisés à être d’accord avec leur gouvernement, mais à l’aune de la mesure dans laquelle ils sont autorisés à être en désaccord.

Et aujourd’hui, on nous dit que nous n’avons pas le droit d’être en désaccord. On nous dit que les manifestations doivent cesser, que les slogans anti-génocide doivent être criminalisés et que tout le monde doit se taire et obéir, tout cela justifié par le discours totalement infondé selon lequel les paroles et les actions des militants pro-palestiniens seraient en quelque sorte responsables du terrible massacre commis à Sydney la semaine dernière.

Et ces politiques servent justement les intérêts des mêmes puissances occidentales dont les actions favorisant le génocide ont été vigoureusement combattues ces deux dernières années. Les responsables gouvernementaux sont constamment contestés et interrogés sur leur complicité dans les atrocités génocidaires commises par Israël. Les politiciens sont régulièrement confrontés à des manifestants anti-génocide lors de leurs apparitions publiques. Les riches fabricants d’armes voient leurs marges bénéficiaires réduites par les actions directes des groupes militants. Les institutions médiatiques ploutocratiques qui sont de plus en plus discréditées aux yeux du public à mesure que l’holocauste de Gaza les expose toutes. Les milliardaires dont les empires sont construits sur le statu quo politique qui a donné lieu au génocide en question.

Si les puissants suppriment le droit à la liberté d’expression pour servir leurs propres intérêts dans votre société, alors votre société n’est pas fondamentalement différente des dictatures auxquelles le monde occidental tente de se démarquer. Toutes nos histoires sur la vie dans une société libre ne sont que cela : des histoires. Des contes de fées.

C’est ce qu’ils nous disent avec cette course effrénée pour étouffer la liberté d’expression cette semaine. Ils nous disent que nous ne vivons pas dans le genre de société qu’on nous a enseigné à l’école. Ils nous disent que la seule raison pour laquelle nous avons été autorisés à nous exprimer comme bon nous semblait dans les années qui ont précédé le génocide de Gaza, c’est parce que nous étions un troupeau de moutons dociles qui ne remettaient pas sérieusement en cause les intérêts des puissants, et maintenant que nous les remettons sérieusement en cause, la façade de la liberté et de la démocratie s’effondre.

Comme l’a dit un jour Frank Zappa, « L’illusion de la liberté perdurera tant qu’il sera profitable de la maintenir. Lorsque cette illusion deviendra trop coûteuse à entretenir, ils démonteront simplement le décor, ils tireront les rideaux, ils déplaceront les tables et les chaises, et vous verrez le mur de briques au fond du théâtre. »

Caitlin Johnstone