Étiquettes
AU CARREFOUR DES CIVILISATIONS – Les cabris du volapük intégré sont en émoi parce que Vladimir Poutine a traité les dirigeants européens de « petits cochons » – en fait ça se traduit par « caniches »….
Edouard Husson

Voici ce qu’a dit littéralement Vladimir Poutine à l’occasion de son dialogue avec des citoyens russes:
« Tout le monde pensait que la Russie serait rapidement détruite. Et les jeunes cochons européens se sont immédiatement impliqués dans ce projet de l ancienne administration américaine dans l espoir de tirer profit d un effondrement russe »
Sauf qu’il ne s’agit pas d’une traduction! La traduction consiste à trouver le mot ou l’ensemble de mots équivalents dans une autre langue.
Qui parle encore russe en France?
Voici ce qu’explique Raphaelle Auclert sur LinkedIn:
((E)n russe « podsvinki » désigne au sens figuré des personnes serviles qui font du zèle devant leur chef pour se faire bien voir. C est l’ écrivain satirique russe du 19eme Mikhail Saltykov-Chtchédrine qui fut le premier à employer ce terme avec cette connotation dans ses « Lettres à une tante », où il critique l’ absence de débat : « dans ce silence une polémique peut parfois se faire jour, mais à sens unique et écrasante. Voilà qu’ un cochon se met à grogner, ou l’ un des jeunes cochons ou porcelets, et l’ affaire est entendue. »
Par conséquent, il apparaît évident que la traduction littérale est inadaptée ; affidés, valets, ou bien toutous, caniches, pour rester dans la métaphore animalière, seraient ici un juste équivalent. So what ? ce n’ est guère plus gentil dans le choix du bestiaire mais la nuance est plus politique et géopolitique (à l instar du discours de Munich en 2007), voire plus littéraire.
Conclusions de cette conclusion :
– tout le monde traduit n’ importe comment et dit des phrases absurdes sans que cela ne choque personne
– est-ce volontaire ? pour montrer Poutine sous un jour plus grossier et agressif ? pour ne pas reprendre l’ image de soumission des Europeens à l agenda americain ?
– si c’ est involontaire, c’ est pire ! comment conclure une paix sans parler la même langue ? de toute façon voilà belle lurette que Paris n’ envoie plus à Moscou d ambassadeurs russophones. Et, aggravant cette pénurie, l’ annonce récente qu’ aucun poste de professeur de russe ne serait ouvert en 2026.
– entre amateurisme et fermeture, ce rideau de fer linguistique bloque tout progrès vers la paix. Et pendant ce temps, les morts se comptent par centaines de milliers sur le front et les milliards se déversent sur un pays ravagé en saignant à blanc des économies européennes déjà en réanimation… Alors cochon, toutou, caniche ou dindon, la ferme des animaux a de beaux jours devant elle !