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par Feroze Mithiborwala
« Il était sur le point de révéler des noms » – Une note du FBI, une autopsie suspecte et comment le pouvoir enterre ses crimes

« Jeffrey Epstein a été assassiné dans sa cellule. J’ai des raisons de croire qu’il a été tué parce qu’il était sur le point de révéler des noms. Je pense que le président Trump a autorisé son assassinat. » (Note du NTOC du FBI – 23.11.2023) — Mark Epstein, frère de Jeffrey Epstein
Cette allégation ne relève pas des rumeurs qui circulent sur Internet. Elle figure mot pour mot dans un document interne du FBI, enregistré et diffusé par le Centre national des opérations de lutte contre les menaces (NTOC) du Federal Bureau of Investigation le 23 février 2023. Soumise via tips.fbi.gov par Mark Epstein, elle a été transmise en interne à des fins de « connaissance de la situation ».
Le gouvernement américain a officiellement reçu et archivé une allégation de la famille proche selon laquelle Jeffrey Epstein aurait été assassiné pour des raisons politiques. La réponse n’a pas été une enquête, la transparence ou une réfutation. Elle a été une absorption procédurale.
Ce silence est révélateur.

Une mort survenue au moment idéal
Jeffrey Epstein est mort au moment le plus dangereux de sa vie, non pas pour lui-même, mais pour son entourage. Son arrestation en juillet 2019 menaçait de briser une architecture de protection de l’élite vieille de plusieurs décennies : procureurs, financiers, personnalités des services de renseignement, membres de la famille royale et politiciens qui avaient assuré son immunité.
Les victimes étaient prêtes à témoigner. Les journalistes progressaient rapidement. La coopération d’Epstein, si elle avait eu lieu, ne se serait pas limitée à des crimes individuels. Elle aurait mis au jour des systèmes.
Puis il est mort.
La version officielle exige de croire à une série étonnante de défaillances : des gardiens endormis, des registres falsifiés, des caméras défectueuses, un codétenu transféré quelques heures plus tôt et le prisonnier le plus notoire sous garde fédérale laissé sans surveillance. Toutes ces défaillances ont conduit au même résultat : le silence.
Comme l’a dit la journaliste d’investigation Julie K. Brown, dont les reportages ont rouvert l’affaire Epstein :
« Ce n’est pas un système qui a échoué. C’est un système qui a protégé. »¹

L’autopsie qui a refusé de trancher la question
Le bureau du médecin légiste en chef de la ville de New York a conclu que la mort d’Epstein était un suicide par pendaison. Mais les preuves médico-légales ont immédiatement remis en cause cette conclusion.
Le Dr Michael Baden, célèbre médecin légiste engagé par la famille d’Epstein pour observer l’autopsie, a signalé des fractures de l’os hyoïde et du cartilage thyroïdien, des blessures qui, selon lui, sont beaucoup plus fréquentes dans les cas d’étranglement criminel que dans les cas de pendaison suicidaire, en particulier chez les hommes d’âge moyen.
« Les preuves indiquent un homicide plutôt qu’un suicide », a déclaré publiquement le Dr Baden².
« Ces fractures sont extrêmement inhabituelles dans les cas de pendaison suicidaire. »
Les avocats d’Epstein ont fait écho à cette préoccupation. Martin Weinberg a qualifié ces conclusions de « profondément troublantes », soulignant que les blessures n’étaient pas compatibles avec la version officielle³.
Même le ministre de la Justice William Barr, dont le département supervisait le Bureau des prisons, a publiquement rejeté l’idée que la mort d’Epstein était banale.
« J’ai été consterné… il y avait de graves irrégularités dans cet établissement », a déclaré Barr.⁴
Pourtant, aucune expertise médico-légale indépendante n’a été menée. Aucune audience contradictoire n’a eu lieu. La décision a été maintenue, non pas parce qu’elle résolvait les contradictions, mais parce qu’elle clôturait l’affaire.
Ce n’est pas du scepticisme marginal : des personnalités éminentes ont rejeté la version officielle
Des doutes sur la mort d’Epstein ont immédiatement émergé, et ce dans les médias grand public.
1. Dr Michael Baden – Médecin légiste
- « Les preuves indiquent un homicide plutôt qu’un suicide. »²
2. William Barr – Procureur général des États-Unis (2019)
- « C’était une succession de bourdes catastrophiques. »⁴
3. Julie K. Brown – Journaliste d’investigation
- « Il y a trop de coïncidences pour que cela ne soulève pas de sérieuses questions. »¹
4. Glenn Greenwald – Journaliste
- « Il n’est pas complotiste de trouver l’histoire officielle invraisemblable, c’est rationnel. »⁵
5. Tucker Carlson – Journaliste et commentateur
- « Vous n’avez pas le droit de poser des questions sur Jeffrey Epstein, car les personnes qui lui étaient proches ont toujours du pouvoir. »⁶
Il ne s’agit pas d’une croyance marginale, mais plutôt d’une opinion de plus en plus répandue, comme le montrent les discussions en cours sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’un contre-rapport produit par des experts, des journalistes et des responsables, que l’État reconnaît en interne tout en le rejetant publiquement.
Couverture médiatique américaine et internationale de l’affaire
Miami Herald — Les derniers dossiers Epstein mentionnent Trump à plusieurs reprises
- Couverture des dossiers récemment publiés par le ministère de la Justice et inclusion de l’allégation de Mark Epstein à l’FBI en 2023. Les derniers dossiers Epstein mentionnent Trump à plusieurs reprises (Miami Herald)
Los Angeles Magazine — Le frère de Jeffrey Epstein a déclaré au FBI après sa mort qu’il avait été assassiné « parce qu’il était sur le point de révéler des noms »
- Article détaillé citant le texte de la dénonciation de Mark Epstein au FBI et rapportant qu’elle figurait parmi les documents publiés par le ministère de la Justice. Le frère de Jeffrey Epstein a déclaré au FBI après sa mort qu’il avait été assassiné (LA Mag)
Tampa Bay Times — Trump cité à plusieurs reprises dans la dernière série de dossiers Epstein
- Note que Mark Epstein a déclaré au FBI en 2023 que son frère avait été assassiné parce qu’il était sur le point de « donner des noms » et mentionne le contexte des dossiers sur les décès de 2019. Trump cité à plusieurs reprises dans la dernière série de dossiers Epstein (Tampa Bay Times)
The Daily Beast — La révélation de l’information explosive donnée par le frère d’Epstein au FBI sur Trump
- Met en avant la même information dans la nouvelle série de dossiers Epstein récemment publiés, mentionnant notamment que le FBI n’a pas donné suite. La révélation de l’information explosive fournie par le frère d’Epstein au FBI (The Daily Beast)
« Donner des noms » était la véritable menace
L’allégation de Mark Epstein identifie ce que la version officielle ne mentionne jamais : le mobile.
Epstein avait déjà bénéficié d’un accord de non-poursuite en 2008 qui protégeait des « co-conspirateurs » anonymes.⁷ Ses carnets de vol, son carnet noir et les témoignages des victimes impliquaient des personnalités puissantes au-delà des frontières. Une coopération aurait transformé des informations privées en preuves publiques.
Dans ce contexte, le suicide n’est pas une explication. C’est une commodité.
Le but de la mort d’Epstein, quel qu’en soit le mécanisme, était le même : garantir que le silence se propage vers le haut.
Comment l’État neutralise les scandales
La note du FBI montre comment les scandales impliquant l’élite sont gérés. L’allégation est enregistrée, classée comme non urgente et diffusée à des fins de « connaissance de la situation ». Le langage est neutre, mais l’effet est définitif.
La bureaucratie fonctionne comme un solvant. Elle ne réfute pas. Elle absorbe.
Le théoricien politique Sheldon Wolin a décrit cela comme une démocratie contrôlée : des procédures formelles conçues pour empêcher toute perturbation substantielle.⁸ La mort d’Epstein représente une démocratie contrôlée confrontée à la criminalité des élites et choisissant la stabilité plutôt que la vérité.
Ce qu’exigerait réellement la responsabilité
La justice exigerait la réouverture du dossier Epstein avec une véritable indépendance et un pouvoir d’assignation. Elle exigerait la divulgation des images de surveillance, des communications internes du ministère de la Justice et du Bureau fédéral des prisons, des évaluations des services de renseignement et des négociations de plaidoyer scellées. Elle exigerait de nommer les complices et de les poursuivre, quel que soit leur statut.
Au lieu de cela, on propose au public une clôture administrative sans responsabilité.
L’allégation de Mark Epstein reste une allégation. Mais elle est conservée dans les dossiers du FBI. Ce simple fait garantit que l’affaire Epstein n’est pas close. Elle est simplement enterrée.

ENCADRÉ EXPLICATIF
Ce que révèle le document du FBI
Agence : FBI – Centre national des opérations de lutte contre les menaces (NTOC)
Date de transmission : 23 février 2023
Soumis via : tips.fbi.gov
Auteur : Mark Epstein
Objet : Allégations de meurtre de Jeffrey Epstein
Infraction : Autre
Urgence : Fausse
Menace pour la vie : Faux
Langage utilisé : « Pour une meilleure compréhension de la situation et toute mesure jugée appropriée »
Allégation principale : « Jeffrey Epstein a été assassiné… il était sur le point de révéler des noms. »
Références et notes de bas de page
Julie K. Brown, Perversion of Justice (Dey Street, 2021).
Dr Michael Baden, déclarations publiques à la suite de l’examen de l’autopsie, août 2019.
Martin Weinberg, cité dans le New York Times, août 2019.
William Barr, déclaration à la presse du ministère de la Justice, août 2019.
Glenn Greenwald, commentaire public, août 2019.
Tucker Carlson, commentaires diffusés à la télévision, 2019-2021.
Bureau du procureur fédéral, district sud de Floride, accord de non-poursuite de 2008.
Sheldon Wolin, Democracy Incorporated (Princeton University Press, 2008).
Feroze Mithiborwala est un expert des questions géostratégiques en Asie occidentale et à l’échelle internationale. Il est le fondateur et secrétaire général du Forum de solidarité Inde-Palestine. Il a été l’un des principaux organisateurs du premier convoi asiatique pour briser le siège de Gaza (2010) et de la première Marche mondiale vers Jérusalem (2012). Il est également vice-président de Hum Bharat Ke Log, We The People of India, une organisation qui œuvre en faveur de l’harmonie communautaire, de l’unité nationale et d’une démocratie constitutionnelle.