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par Urs P. Gasche

Manifestation à Los Angeles contre la politique agressive du président Poutine. © hannatv/Depositphotos

Dès le début, j’ai clairement indiqué que rien ne pouvait excuser la guerre menée par Poutine contre l’Ukraine, en violation du droit international.

Mais comme pour d’autres guerres, je me suis posé la question suivante : aurait-il été possible d’éviter ces souffrances incommensurables ? La question est centrale, que ce soit en Israël et en Palestine, au Soudan, en Afghanistan ou en Irak. Des livres ont été écrits sur la Première et la Seconde Guerre mondiale qui examinent précisément cette question : comment aurait-on pu les éviter ?

Dans le cas de la guerre en Ukraine, une analyse des événements qui l’ont précédée pourrait fournir des indications sur la manière d’y mettre fin. Mais j’ai constaté avec irritation que les grands médias évitent toute analyse impartiale.

Au contraire, ils étouffent toute voix qui s’écarte du discours de l’OTAN avec des termes tels que « trolls de Poutine » ou « partisans de Poutine ». Quiconque s’est penché de plus près sur le coup d’État de Maïdan, les accords de Minsk, la guerre de l’Ukraine contre les territoires contrôlés par la Russie dans le Donbass, qui a fait 14 000 morts, ou l’histoire de la Crimée, a été réduit au silence.

Ceux qui ont qualifié d’erreur l’élargissement prévu de l’OTAN vers l’Ukraine et la Géorgie ont été particulièrement touchés. Ils affirment que sans cet encerclement de la Russie, la guerre d’agression n’aurait probablement pas eu lieu.

C’est ainsi qu’a commencé ce qui a ensuite conduit à cet article :

Cet article a été publié par Infosperber le 15 décembre 2025

J’ai observé comment les médias sélectionnaient des citations pour prouver que Vladimir Poutine était devenu un agresseur impérialiste après 2014. Ses déclarations répétées selon lesquelles il n’accepterait jamais l’OTAN en Ukraine pour des raisons de sécurité ont été largement ignorées. Même lors de la dernière apparition médiatique de Poutine le 19 décembre, il n’a pas dit un mot sur ses déclarations détaillées concernant l’OTAN.

J’ai compris pourquoi : si Poutine et la Russie ne se souciaient « que » du maintien de la neutralité militaire de leur grand voisin et du respect de la volonté populaire en Crimée, favorable à la Russie, et dans le Donbass, largement favorable à la Russie, le discours selon lequel la Russie menacerait l’Europe occidentale s’effondrerait.

  • La situation sécuritaire en Europe n’aurait alors pas changé malgré la guerre d’agression menée par la Russie.
  • Il n’y aurait alors aucune raison pour que l’Europe et la Suisse gaspillent des milliards dans l’armement au lieu de les utiliser à meilleur escient.

Un lecteur m’a écrit, comme d’autres avant lui : « Je lis régulièrement dans vos articles que vous faites preuve de compréhension à l’égard de l’« intervention » de la Russie ou de Poutine en Ukraine. »

Non, cela n’a rien à voir avec la compréhension – et encore moins avec l’approbation – de la guerre menée par la Russie. La Russie se sentait étranglée par l’OTAN, mais n’a jamais été menacée dans son existence. Elle n’a certainement pas été attaquée. La guerre reste inexcusable.

De même, l’application violente de la « doctrine Monroe » en Amérique latine ne peut être justifiée par le droit international. Exemple récent : le Venezuela. Les médias enjolivent la situation et parlent tout au plus de « controverse au regard du droit international », alors que le fait de tuer des personnes en haute mer sans danger immédiat constitue une violation flagrante de la Charte des Nations unies. Les « changements de régime » sont interdits tant qu’un gouvernement, aussi corrompu soit-il, ne commet pas de meurtres de masse.

Cette double mesure m’irrite.

Je ne voudrais moi-même vivre ni en Russie ni au Venezuela – et encore moins en tant que journaliste. Mais ce qui m’importe, c’est le droit international, la guerre et la paix. Mes études en relations internationales à Genève m’ont montré que les dirigeants individuels n’ont qu’une influence limitée sur le cours des événements. Les rapports de force économiques, sociaux et politiques, la démographie, la géographie, les mentalités collectives et les grands courants idéologiques ont davantage d’influence. Dans le Donbass, par exemple, les matières premières jouent un rôle important.

L’historien suisse Jean-Rodolphe von Salis a été un pionnier de cette approche. Les Français Renouvin et Duroselle l’ont développée pour en faire une méthode scientifique.

Toutes ces conclusions m’ont motivé à éclairer l’histoire récente dans une série d’articles et à remettre en question le sens du réarmement général.

Les grands médias fournissent presque quotidiennement des arguments en faveur de l’armement. Ils critiquent les gouvernements et les politiciens dans un seul sens : ils s’armeraient trop peu ou trop lentement.

Infosperber