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Justin Vaïsse

Mon grand-père était atlantiste. En 1964, alors sénateur indépendant de Meurthe-et-Moselle, rapporteur pour avis de la Commission des affaires étrangères du Sénat, il résumait ainsi sa position : « Oui à la loi de programme militaire, oui à l’effort d’armement et d’équipement nucléaire ; mais à la condition que cet effort s’inscrive dans la défense du monde libre, que loin de menacer la cohésion de l’alliance atlantique, elle en assure l’avenir. » À ses yeux, il fallait « une organisation communautaire de la défense de l’Europe […] assumant, dans le cadre de l’alliance atlantique, le rôle d’un partenaire égal en droit aux États-Unis d’Amérique », autrement dit un pilier européen de l’Otan1.

Deux ans plus tard, comme d’autres à droite ou à gauche (dont François
Mitterrand), il s’opposa au président Charles de Gaulle sur la sortie du commandement militaire intégré de l’Otan, la jugeant hypocrite.

« C’est à l’abri de cette sécurité américaine que vous vous donnerez les apparences de vous en passer », dit Jean Lecanuet dans le même débat au Sénat2. Face aux atlantistes, le général de Gaulle imposa cependant sa vision d’une force de frappe française autonome, pilier d’une politique étrangère
d’indépendance et de grandeur retrouvées. Sans revenir sur le traité
de Rome, il freina aussi tout glissement de la construction européenne
vers des instances supranationales.

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