Étiquettes

, ,

Jean-Pierre PELAEZ

Wokiste, déconstructeur, déconnecté du réel… Le ministre de l’Éducation nationale coche toutes les cases de l’idéologie progressiste et élitaire de la macronie.

Pap Ndiaye : un parfait ministre macronien

Quel bonheur d’avoir un ministre illustrant à la perfection ce qu’est le pouvoir actuel ! Pap Ndiaye serait presque la Macronie à lui tout seul, une véritable allégorie. Et comme un diable enfermé dans une boîte au bout d’un ressort, il jaillit soudain du vide pour dire ou annoncer n’importe quoi. Comme son Président. Sauf que ce dernier agace et horripile, alors que Pap Ndiaye fait rire à gorge déployée.

Oui, Pap Ndiaye, c’est la quintessence du ridicule, entre comique troupier et Charlot, entre Louis de Funès et un Mr Bean transformé en grand blond avec une chaussure noire. Mais pourquoi n’a-t-il pas fait du cinéma ? On le verrait bien dans un film avec Omar Sy sur les lavandières du Sénégal.  Petit théâtrocrate de la politique, il résume à lui tout seul le délabrement persistant de l’Éducation nationale.

Pap Ndiaye est tellement parfait que, si on avait voulu l’inventer, on n’aurait pu faire mieux. Plus macroniste, plus « en même temps » pour brasser du vent, plus figuratif du rien du tout que lui est impossible. Pap Ndiaye, c’est une sculpture contemporaine subventionnée par le ministère pour conceptualiser le néant sorti de l’être. C’est un prestidigitateur à la Garcimore : en quatre jours, il vous sort de son chapeau, comme des lapins blancs, autant de professeurs que vous voulez. Sauf que comme dans un tour raté, ils démissionnent illico ; heureusement, il reste les annonces du Bon Coin pour les remplacer.

Pap Ndiaye est un antiraciste convaincu et, bien que ministre noir dans un pays de blancs, il sait que la France est raciste. Par contre, il ne sait pas ce qu’est une abaya, il n’en a jamais mesuré les contours, et puis son travail de ministre n’est pas de se poster le matin à l’entrée d’un collège pour les compter et répertorier les couleurs des tissus employés.

Informé de l’orthographe catastrophique des jeunes Français, Pap a découvert récemment les vertus de la dictée quotidienne, depuis longtemps vouée aux gémonies par les avant-gardistes de la pédagogie. Gageons que bientôt, il découvrira aussi celles de la récitation et des textes appris par cœur. Et de la connaissance des conjugaisons en 6e. Et des propositions. Peut-être même des tables de multiplication. Mais ira-t-il jusqu’à supprimer le collège unique et transformer le bac pour tous en bonnet d’âne ? Surtout pas. Car à l’image de Roselyne Bachelot à la Culture, qui refusait de combattre l’absence de liberté de création dans les théâtres publics au nom de la liberté de création, Pap Ndiaye est un vrai ministre des inutilités. Il ne combat rien de ce qu’il devrait combattre, il n’est pas là pour ça. Mais il connaît la conjugaison des verbes : il n’a rien fait (passé), il ne fait rien (présent), il ne fera rien (futur) jusqu’à son départ, où il n’aura toujours rien fait (futur antérieur).

Son prédécesseur, pétri de bonnes intentions, n’a pas fait grand-chose. Pap Ndiaye , lui, n’a même pas d’intention, il est l’inexistence élevée au rang d’un principe philosophique. On le confondrait presque avec une nuit sans étoiles ou un conseiller d’éducation trop éduqué. Avec un e, comme dans Pantine, il pourrait passer pour un pape de l’Éducation, ce qui lui donnerait un peu de prestance. Mais comme il ne voulait pas qu’on croie son nom féminin, il n’est le pape de rien du tout, même pas des escargots.

Mais Pap Ndiaye est lucide. Il ne met pas ses enfants dans un collège de Seine-Saint-Denis. Gageons qu’il les envoie dans une école huppée aux frais d’inscription somptueux, et où l’on fait tout ce que l’on ne fait pas dans les écoles de la République Ndiaye. Quand on est antiraciste, on ne mélange pas les enfants de ministres noirs avec les immigrés de la même couleur.

Au ministère de la Culture, à Artcena (Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre), dans les FRAC (Fonds régionaux d’art contemporain) et autres lieux de l’art officiel bien conforme, on multiplie nominations, concours, prix et appels à tout ce qu’on voudra : et si l’on nommait Pap Ndiaye pour le prix intersectionnel et décolonialiste du parfait ministre macronien ?

Front Populaire