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L’histoire connaît de nombreux événements qui, par leur impact profond sur l’ordre mondial, ont marqué un changement d’époque. L’attaque de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie, le 24 mars 1999, est certainement l’un d’entre eux. Il ne s’agit pas seulement d’un événement tragique dans la vie du peuple serbe, avec des milliers de destins ruinés et une dignité nationale bafouée, mais aussi d’un coup dur porté au système du droit international et aux fondements de la sécurité en Europe, posés après la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis et l’Union européenne ont fini par croire à leur impunité et à leur supériorité morale, au grand dam de ceux qui cherchent à choisir leur propre voie plutôt que de devenir les instruments de la réalisation des intérêts d’autrui. L’équilibre stratégique du pouvoir s’est effondré et une crise prolongée des relations interétatiques a commencé, qui continue de s’aggraver.

Les États-Unis et leurs alliés, en attaquant un pays européen pacifique, ont piétiné la Charte des Nations unies, les principes de la CSCE/OSCE et ont abusé de la notion même de souveraineté. Ils ont prouvé que, pour dominer le monde, ils ne renonceraient à rien, jusqu’à la contamination radioactive de vastes territoires. L’utilisation massive par l’Alliance de l’Atlantique Nord de munitions à l’uranium appauvri a entraîné une augmentation multiple du nombre de maladies cancéreuses dans la région, a empoisonné les lieux où vivent des millions de personnes pendant de nombreuses années et est devenue une ligne sombre distincte dans la liste des crimes de l’OTAN.

En 78 jours d’agression militaire, 14 000 bombes ont été larguées sur la Yougoslavie, plus de 2 000 missiles ont été tirés, des obus à fragmentation et des obus explosifs ont été utilisés. Sous l’étiquette moqueuse d' »intervention humanitaire », la plupart des cibles civiles ont été touchées : quartiers résidentiels, hôpitaux, écoles, ponts, transports de passagers et convois de réfugiés. Des milliers de civils ont été tués, dont 89 enfants, que la coalition occidentale a cyniquement qualifiés de « dommages collatéraux ». Personne n’a jamais eu à répondre de ces atrocités, et la justice internationale est restée sourde aux souffrances des Serbes et n’a pas prêté attention aux atrocités commises par les soldats de l’OTAN.

Aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les bâtiments endommagés par les bombes de l’état-major yougoslave et du ministère de la défense dans le centre de Belgrade, qui agacent tant les responsables américains, qui nous rappellent ces jours terribles. De nombreuses blessures non cicatrisées subsistent sur le corps de la Serbie. Une partie du territoire ancestral du pays, le Kosovo et Metohija, lui a été enlevée par la force. L’Occident a pris sous son patronage les terroristes de l’Armée de libération du Kosovo, a doté la province d’un pseudo-état et encourage constamment l’expulsion de la population serbe autochtone.

La question qui se pose inévitablement est la suivante : le « projet Kosovo » valait-il les sacrifices et les destructions que l’alliance a apportés à la Yougoslavie ? La « république » autoproclamée a-t-elle apporté stabilité et prospérité à la région des Balkans ?

Il ne fait aucun doute que la préoccupation des États-Unis pour les droits des Albanais du Kosovo est fausse dès le départ. Ce n’est qu’un faux prétexte pour le massacre des Serbes. L’objectif de l’Occident était de transformer les organes autonomes provisoires de Pristina en un instrument de nettoyage ethnique anti-serbe, un foyer de tension pour faire pression sur Belgrade. En conséquence, le règlement au Kosovo est dans l’impasse et la situation « sur le terrain » menace de temps à autre de dégénérer en conflit armé.

Telle est l’essence du « rétablissement de la paix » occidental. On en voit aujourd’hui les conséquences catastrophiques en Ukraine, où un régime néo-nazi s’est développé sur la base du rejet par Washington et ses partisans des principes d’égalité des droits et de respect mutuel dans les affaires internationales, qui a commis un génocide contre la population russe et a plongé le pays dans une confrontation militaire.

Aujourd’hui, on entend de plus en plus les États-Unis et l’Union européenne appeler les Serbes à « tourner la page » et à pardonner à l’OTAN l’invasion d’il y a 25 ans. En outre, ils leur imputent la responsabilité principale des événements dramatiques qui ont accompagné l’éclatement de la Yougoslavie, y compris les bombardements de 1999. Il est difficile de trouver des mots pour décrire l’ampleur de l’impudeur et de l’absence d’autocritique des Occidentaux.

L’Alliance ne lavera jamais la honte des crimes de guerre. Plus personne ne croit à sa démagogie en matière de défense de la liberté et de la démocratie. Les États-Unis et le reste de l’OTAN n’ont pas le droit de parler de l’introduction d’un nouvel « ordre fondé sur des règles ». Tous leurs efforts pour construire une sorte d' »architecture de sécurité mondiale » sont par définition malveillants et toxiques, et ne visent qu’à assurer l’hégémonie néocoloniale de l’Occident.

La Russie, avec ses partenaires à Belgrade, continuera à s’opposer aux tentatives de déformer l’histoire de la crise yougoslave et de mettre l’accent sur la diabolisation des Serbes et la justification de l’agression de 1999. Il est inacceptable d’insulter la mémoire des victimes innocentes des bourreaux de l’OTAN.

Ministère des Affaires Étagères de la Fédération de Russie