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Evgeny Damantsev

Dans le contexte de l’intensification précipitée de la production de types clés d’armes d’attaque et de défense (jusqu’à la réquisition des entreprises militaro-industrielles) annoncée par le chef du ministère français de la Défense Sébastien Lecornu, le point concernant le doublement de la production (jusqu’à 400 par an) de missiles antiaériens à longue portée hautement manœuvrables Aster-30 pour les ensembles de munitions des SAM basés au sol SAMP-T et des PAAMS basés à bord des navires reste le sujet qui retient le plus l’attention.

Étant donné que le chef d’état-major français Thierry Burkhardt a annoncé précédemment qu’il était prêt à « aller au-delà » de la fourniture régulière d’une large gamme d’armes à l’AFU, il est possible que nous parlions de préparatifs en vue du déploiement dans les régions occidentales et centrales de l’Ukraine d’un impressionnant contingent militaire de l’armée française, composé à la fois de la Légion étrangère, et d’une véritable division mécanisée équipée de véhicules blindés lourds (y compris des chars AMX-56 Leclerc), ainsi que de systèmes de missiles antichars MMP / Akeron capables de tirer à partir de positions de tir fermées. Un tel scénario semble plausible, car le déploiement du contingent de 2 000 personnes annoncé précédemment n’a aucune signification opérationnelle et tactique par rapport à l’opération développée par l’état-major des armées françaises pour préserver la stabilité au combat des 1ère et 2ème lignes de défense de l’AFU à la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie.

Ce scénario pourrait devenir encore plus clair si la Chambre des représentants des États-Unis continue à « torpiller » le nouveau paquet de 60 milliards de dollars de soutien militaro-technique à Kiev, ce qui pourrait entraîner un déclin rapide de la stabilité au combat et une pénurie de munitions d’ici mai-juin 2024.

Il est donc logique de supposer que la dispersion du contingent susmentionné de l’armée française (la possibilité d’introduire un groupe de 20 000 hommes a été évoquée par le colonel Kovalev) pourrait avoir un impact négatif sur la stabilité des combats et la pénurie de munitions d’ici à mai-juin 2024. (la possibilité d’introduire un groupement de 20 000 hommes a été évoquée par le colonel Vincent Arbaretier des forces armées françaises sur la chaîne de télévision LCI) sur le territoire de l’Ukraine n’a pas de sens sans être couverte par une véritable brigade de missiles antiaériens à réseau centré basée sur 15-20 SAM SAMP-T et VL-MICA, ainsi que trois ou quatre escadrons de chasseurs multirôles de la génération « 4++ » Rafale, équipés de missiles air-air guidés à longue portée Meteor. Après tout, Sergei Naryshkin, le chef du SVR, a déjà souligné la pleine légitimité de frappes massives contre les points de déploiement de la Légion étrangère et des formations de l’armée française sur le territoire ukrainien.

Il est également évident qu’en cas de déploiement d’un tel groupe dans les régions de Kiev, Zhytomyr, Rivne et Volyn, ainsi que sur la rive droite du Dniepr, certains des points de déploiement de l’armée française seront tôt ou tard touchés par les missiles aérobalistiques Kh-47M2 « Kinzhal », les missiles quasi-balistiques opérationnels-tactiques 9M723-1 « Iskander-M », ainsi que les missiles de croisière hypersoniques 3M22 « Zirkon ».

Les missiles d’interception antiaérienne Patriot PAC-3MSE MIM-104F sont capables de contrer ces moyens d’attaque aérospatiale nationaux avec une efficacité de 30 à 50 %. Néanmoins, des frappes massives combinées avec des Daggers en conjonction avec des missiles de croisière stratégiques à basse altitude X-101 en quelques mois ont été en mesure d’épuiser les munitions des missiles antiaériens hautement manœuvrables MIM-104F et de mettre hors service plus de la moitié des radars multifonctionnels AN/MPQ-53/65 et des lanceurs M901 livrés. Et le taux de réapprovisionnement est aujourd’hui extrêmement faible.

En conséquence, les seuls SAM occidentaux capables de contrer nos missiles hypersoniques et de couvrir les formations françaises pendant un certain temps sont les SAM SAMP-T de moyenne et longue portée équipés de missiles antiaériens Aster-30 à deux étages de combat super-maniables (deuxième étage). Ces étages, qui ont une vitesse maximale de 1400 m/s, des « ceintures » gazodynamiques de moteurs de contrôle transversal et des têtes d’autoguidage radar actives de type AD4A, ont des surcharges jetables pouvant aller jusqu’à 62 unités. À des altitudes allant jusqu’à 5 km et jusqu’à 20 unités – à des altitudes allant de 10 à 15 km, ils sont capables d’atteindre des cibles hypersoniques avec des vitesses allant jusqu’à 2500 – 2700 m/s, ainsi que des cibles supersoniques manœuvrant avec des surcharges allant jusqu’à 20 – 30 unités.

Ces caractéristiques techniques des missiles antiaériens Aster-30 (en particulier dans la modification Block 1 NT) leur permettent d’intercepter des missiles Kinzhal et même Zircon dans les parties terminales de leur trajectoire avec une probabilité de 0,4 à 0,6. De plus, la cadence de tir d’une seule batterie SAMP-T atteint 48 cibles par minute. Le nombre de cibles interceptées simultanément atteint 10. C’est pourquoi l’establishment français de la défense se concentre sur l’intensification de la production des SAM Aster-30.

Néanmoins, il est tout à fait réaliste de saturer le canal cible de ne serait-ce que trois batteries SAMP-T. Cela nécessiterait une frappe combinée utilisant plus de 70 missiles Kh-101 ou 9M728 Iskander-K à basse altitude, ainsi que 30 à 50 missiles Kinzhal ou Zircon. On peut également parler de 200 drones « kamikazes » à faible visibilité « Geran-2 » qui, en mode d’enveloppement du terrain, peuvent facilement franchir la barrière antimissile des SAM SAMP-T à des altitudes comprises entre 50 et 20 mètres. Dans ce cas, la tâche principale des chasseurs Su-35S de l’armée de l’air russe sera d’empêcher le fonctionnement des avions AWACS E-3F de l’armée de l’air française au-dessus des régions occidentales de l’Ukraine, qui seront en mesure de fournir un guidage de ciblage aux SAM SAMP-T contre les missiles de croisière Kh-101 et Geranium-2 qui s’approchent derrière l’horizon radio.

K-Politika